La mémoire est une faculté qui oublie, dit l’adage populaire.

On pourrait donc croire qu’il ne me reste rien, ou presque, de la croisière autour des Galapagos occidentales effectuée avant que la pandémie ne paralyse la planète, il y a de cela une éternité.

Et pourtant... Certaines images restent très nettes. On ne visite pas ce coin du globe sans en revenir transformé par la beauté de la biodiversité, mais aussi par sa grande vulnérabilité. Dans cet archipel planté au cœur du Pacifique, la vie évolue à son propre rythme et selon ses propres règles.

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Une tortue verte nage au large de l’île Isabela.

C’est donc pour pouvoir admirer des espèces animales uniques aux Galapagos que je suis montée à bord du Santa Cruz II en février 2020 en compagnie de 56 autres passagers (sur une capacité de 90). Cinq guides naturalistes – tous d’origine équatorienne – étaient aussi à bord pour diriger les visites à pied dans l’île ou les excursions en bateau pneumatique. Pendant cinq jours, nous avons exploré les îles de l’Ouest à la recherche de cette faune étonnante. Et chaque excursion hors du navire a été riche en découvertes.

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Le navire Santa Cruz II peut accueillir 90 passagers au maximum.

De grands iguanes terrestres aux couleurs de Noël (vert et rouge), des cormorans qui ont perdu l’habileté de voler parce qu’il n’y a aucun prédateur pour les chasser, des fous à pieds bleus à l’étonnante danse nuptiale, différentes espèces de tortues terrestres vieilles de plusieurs centaines d’années, des manchots qui ont évolué loin de leurs cousins de l’Antarctique, des otaries qui éructent sur notre passage... Et des pinsons tout petits, ceux-là mêmes qui ont permis à Charles Darwin d’élaborer sa théorie sur l’évolution et la sélection naturelle à partir des observations faites sur ces oiseaux dans l’archipel en 1835.

  • Les iguanes terrestres constituent l’une des espèces emblématiques des Galapagos.

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    Les iguanes terrestres constituent l’une des espèces emblématiques des Galapagos.

  • Dans l’île de Fernandina, les iguanes marins sont si nombreux qu’il faut faire attention où l’on pose les pieds.

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    Dans l’île de Fernandina, les iguanes marins sont si nombreux qu’il faut faire attention où l’on pose les pieds.

  • Deux manchots des Galapagos se font sécher au soleil.

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    Deux manchots des Galapagos se font sécher au soleil.

  • Un huîtrier et son petit se baladent sur la lave séchée de l’île Fernandina.

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    Un huîtrier et son petit se baladent sur la lave séchée de l’île Fernandina.

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Bien regarder où l’on pose le pied

Aux Galapagos, l’absence de prédateurs rend les animaux peu farouches. Iguanes, otaries, tortues et compagnie jettent un regard curieux (ou indifférent) sur les humains qui passent, si bien qu’on ne sait plus trop qui observe qui. Seuls les poissons sont timides, eux qui servent de source alimentaire à plusieurs.

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Une tortue terrestre croquée au centre de recherche Charles Darwin dans l’île de Santa Cruz

Dans l’île de Fernandina, des iguanes marins couleur de cendre se prélassent au soleil, et ce, en si grand nombre qu’il faut faire attention de ne pas poser le pied sur l’un d’eux. D’autant plus qu’ils se confondent avec le tapis de lave croûtée qui recouvre la plus jeune île de l’archipel, un bout de terre aride qui semble avoir été oublié des dieux.

Dans l’île de Floreana, ce sont les flamants roses (l’archipel en compte 350 spécimens) qui font cliqueter nos appareils avec leur vol gracieux.

Au large de l’île Isabela, les tortues vertes graciles, tranquilles et émouvantes se mêlent aux apnéistes tandis que des manchots passent comme des fusées et que les cormorans font sécher leurs ailes minuscules. Même les crabes rouges, présents partout, sont photogéniques...

De fait, l’ouest des Galapagos profite d’une faune marine particulièrement riche, car les îles se trouvent au confluent de deux courants marins, soit ceux de Humboldt et de Cromwell, qui charrient tous deux beaucoup de nutriments.

Entre juin et novembre, la vie sous-marine est à son apogée dans le secteur. C’est le moment parfait pour observer les requins-baleines, les requins-marteaux... De décembre à mai, toutefois, c’est la faune terrestre qui est à l’honneur, alors que les pluies font verdir la végétation des îles occidentales. Les iguanes sont bien gras pendant cette période !

  • L’île Fernandina est couverte d’un tapis de lave croûtée.

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    L’île Fernandina est couverte d’un tapis de lave croûtée.

  • Le ciel se fait menaçant sur l’ouest de l’île Santa Cruz.

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    Le ciel se fait menaçant sur l’ouest de l’île Santa Cruz.

  • Aux Galapagos, la faune est peu farouche.

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    Aux Galapagos, la faune est peu farouche.

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Des règles strictes

Peu importe la saison, visiter l’archipel reste un exercice délicat, car la soif de découvertes s’oppose sans cesse à la crainte de contribuer, par notre seule présence, à la détérioration d’un des lieux les plus fascinants sur Terre.

Il faut toutefois constater que le gouvernement équatorien, à qui appartient l’archipel, déploie des efforts considérables pour réglementer les visites dans l’archipel, en particulier pour les bateaux de croisière. En 1959, les îles Galapagos ont été déclarées parc national et 97 % du territoire actuel de l’archipel en fait partie.

Les itinéraires des bateaux de croisière et les activités pratiquées par les passagers (apnée, randonnée, kayak de mer...) sont déterminés par la direction du parc pour éviter une trop forte présence humaine à un seul et même endroit. Les groupes de touristes sont toujours accompagnés par un guide. Interdiction formelle de manger, de fumer, d’utiliser le flash ou de ramasser quoi que ce soit dans les îles. Les excursions sont limitées à des secteurs très précis. Et les humains doivent avoir réintégré leur navire à 18 h.

Déjà, certaines entreprises de croisière qui visitent ces eaux, dont Metropolitan Touring, sont carboneutres. D’autres suivront, on l’espère. Il est utopique de penser que ce coin de paradis se ferme totalement au tourisme, mais on peut espérer que les autorités sachent le préserver.

Les Galapagos de l’Ouest en quelques mots

Isla Santa Cruz

À voir : tortues géantes, iguanes terrestres, pinsons de Darwin
À faire : visiter la station de recherche Charles Darwin
Particularité : abrite la plus grande ville des Galapagos, Puerto Ayora

Isla Isabela

À voir : manchots, cormorans aptères, fous à pieds bleus, tortues vertes
À faire : apnée, randonnée autour du volcan Sierra Negra
Particularité : avec ses 4588 km⁠2, elle est la plus grande île de l’archipel

Isla Fernandina

À voir : iguanes marins, otaries, buse des Galapagos
À faire : randonnée dans des champs de lave
Particularité : la plus occidentale et la plus jeune des îles principales

Isla Floreana

À voir : flamants roses, tortues vertes, otaries
À faire : apnée, randonnée, kayak
Particularité : sa boîte postale où on peut laisser une carte adressée à un parent ou à un ami (et en choisir une à livrer en mains propres)

Les frais de ce reportage ont été payés par l’Office de tourisme de l’Équateur.