En février 2020, La Presse avait raconté l’histoire d’Edith Lemay et de Sébastien Pelletier, qui s’apprêtaient à faire découvrir le monde à leurs quatre enfants, dont trois sont atteints d’une maladie dégénérative de l’œil. Ce n’est que le mois dernier qu’ils ont pu partir, enfin. Nous avons joint Edith en Namibie, où la famille entreprend son périple d’un an.

Ils devaient partir en juillet 2020 et commencer cette folle aventure à bord du train transsibérien, entre Saint-Pétersbourg et la Mongolie.

Inutile de préciser que les plans ont changé. Edith et Sébastien ont dû remettre leur voyage d’innombrables fois, au gré des vagues de COVID-19 et des fermetures de frontières. L’itinéraire a aussi dû être revu, la Russie n’étant pas exactement une destination de choix à l’heure actuelle.

Qu’à cela ne tienne, Edith Lemay et Sébastien Pelletier n’ont pas abandonné leur projet, et c’est le 21 mars dernier qu’ils ont pu hisser les voiles, avec comme destination première la Namibie, en Afrique australe. Pourquoi, l’Afrique ? Parce qu’au moment de planifier pour une énième fois l’itinéraire, l’hiver dernier, l’Asie était fermée aux visiteurs et l’Amérique latine était difficilement atteignable par les frontières terrestres.

PHOTO FOURNIE PAR EDITH LEMAY

La famille, le jour du départ

Voyage éblouissant

« Des fois, rien n’arrive pour rien. Autant ç’a été difficile de repousser et de repousser encore, autant le voyage qu’on fait en ce moment est juste... fou », dit Edith, que nous avons jointe la semaine dernière à Windhoek, la capitale de la Namibie. Il était 21 h 30 et les enfants venaient de se coucher. À côté d’Edith, Sébastien parlait à son banquier. Quand le réseau est bon, en Namibie, il faut en profiter.

Depuis un peu plus d’un mois, la famille de Boucherville est éblouie par les paysages et les grands espaces de la Namibie. Et c’est pour ça qu’elle est là : les parents veulent que leurs enfants fassent le plein des beautés que le monde recèle. Mia, 11 ans, Colin, 6 ans, et Laurent, 4 ans, sont tous les trois atteints de rétinite pigmentaire. Cette maladie génétique, qui touche une personne sur 3500, se traduit par une perte graduelle de la vision périphérique, souvent à partir de l’adolescence, jusqu’à la cécité complète, à l’âge adulte. Léo, 9 ans, a échappé à la maladie.

PHOTO FOURNIE PAR EDITH LEMAY

Une piscine naturelle de Spitzkoppe, un amoncellement rocheux

Pour l’instant, ça se passe merveilleusement bien avec la petite tribu.

Je m’attendais à ce que ce soit un peu intense de commencer en Afrique, en camping, mais honnêtement, ça se passe super bien, vraiment. C’est même plus facile de faire du camping ici que chez nous. Dans les emplacements de camping, il y a l’eau courante, une douche privée. C’est vraiment cool.

Edith Lemay

La famille, qui a loué une voiture et de l’équipement de camping, a d’abord entrepris une boucle dans le sud de la Namibie.

PHOTO FOURNIE PAR EDITH LEMAY

Le village fantôme de Kolmanskop

Edith nous raconte sa visite au village fantôme de Kolmanskop, planté au milieu du désert du Namib. Bâti au début du XXe siècle, Kolmanskop a connu son apogée dans les années 1920, alors que l’exploitation diamantaire battait son plein dans la région. Le sable a aujourd’hui repris ses droits. « Comme c’est dans le désert, les bâtiments – luxueux – sont hyper bien préservés, raconte Edith. Les murs sont tous de couleurs différentes. »

La famille a aussi fait plusieurs randonnées dans le désert et des promenades au coucher du soleil. Elle a essayé la planche de dune (sandboarding) et vu plein d’animaux, des girafes aux pingouins en passant par les zèbres et les léopards. Léo, 9 ans, a demandé si c’était de vraies girafes tant il était surpris de les voir apparaître.

PHOTO FOURNIE PAR EDITH LEMAY

Léo, Mia, Colin et Laurent au sommet de la dune 45, en Namibie

L’avant-veille de l’entrevue, ils ont même escaladé une dune de plus de 450 m d’altitude, au petit matin, pour voir le soleil se lever. Une fois en haut, après un effort soutenu, le vent s’est levé. « On avait le vent et le soleil dans la face. J’essayais de prendre des photos, mais ça se voit que c’était un moment zéro agréable ! », lance Edith dans un éclat de rire.

Recharger les batteries

Entre toutes ces aventures, Edith et Sébastien font l’école à distance avec les trois plus vieux, souvent en après-midi, quand il fait trop chaud pour faire des activités à l’extérieur. Ils se trouvent un coin d’ombre ou mieux, un bord de piscine. Colin, qui est en première année, apprend à lire et à écrire.

PHOTO FOURNIE PAR EDITH LEMAY

Camp Gecko

Ça s’entend : Edith est détendue.

« Je ne suis pas quelqu’un d’anxieux en temps normal, mais la dernière année, avec la COVID-19, je l’ai trouvée difficile, dit-elle. Être tout le temps dehors, ça recharge mes batteries à fond. »

Edith raconte son voyage sur sa page Instagram, Plein leurs yeux. Elle a ainsi attiré l’attention de plusieurs médias au Canada et ailleurs dans le monde. Le quotidien britannique The Guardian et une station de radio de Nouvelle-Zélande ont sollicité une entrevue avec elle. Des sociétés de production l’ont même pressentie pour faire un documentaire sur leur périple.

Consultez le compte Instagram Plein leurs yeux

PHOTO FOURNIE PAR EDITH LEMAY

La famille complète au désert du Kalahari

Edith, Sébastien, Mia, Léo, Colin et Laurent viennent de quitter la Namibie pour traverser la Zambie en train afin de rejoindre la Tanzanie, où ils séjourneront cinq semaines. Ils songent ensuite à se rendre en Turquie puis en Mongolie. Après, ils descendront probablement en Asie, mais rien n’est encore coulé dans le béton.

Si la pandémie leur a appris une chose, c’est bien qu’il ne faut pas avoir de plan arrêté. Et finalement, cette liberté leur plaît beaucoup. « Je préfère y aller avec l’envie du moment », dit Edith.

Rien n’arrive pour rien, non ?

Lisez notre article de février 2020