Une demande d'action collective contre Facebook a été déposée à la Cour supérieure du Québec au nom de deux Montréalais cette semaine, dans la foulée d'une nouvelle enquête du New York Times sur le partage des données personnelles des usagers du réseau social avec de grandes entreprises.

Les deux personnes qui demandent de représenter les usagers floués sont Stuart Thiel et Brianna Thicke, deux résidants de la métropole qui possèdent un compte Facebook. Ils veulent représenter « toutes les personnes au Québec dont les données du compte Facebook ont été vendues à des tierces parties depuis 2010 » sans leur consentement. Ils demandent des dommages punitifs à la maison mère de l'entreprise et à sa filiale canadienne.

« Comme la plupart des usagers de comptes Facebook, les demandeurs ont fourni à Facebook une quantité significative d'information privée, incluant les données de connexion, le nom, le sexe, la date de naissance, les coordonnées, des informations sur leur localisation, ainsi que des photos d'eux-mêmes et de leurs proches, leurs intérêts et leurs messages personnels échangés avec d'autres usagers de Facebook », lit-on dans la requête déposée au palais de justice de Montréal.

La demande d'action collective se base sur une enquête du New York Times publiée mardi, qui révélait l'existence d'environ 150 ententes secrètes entre Facebook et de grandes entreprises comme Microsoft, Netflix, Spotify, Yahoo!, Amazon, Pandora, Sony, la Banque Royale du Canada et Apple.

Les « partenaires » de Facebook pouvaient obtenir des données que les usagers de Facebook n'avaient pas accepté de partager, comme leurs messages privés, leurs coordonnées personnelles, le nom de leurs amis et des photos qu'ils n'avaient pas rendues publiques.

Conduite « tyrannique »

Les demandeurs derrière la requête disent avoir vécu de l'anxiété, du stress, de la gêne et de la peur en prenant connaissance des révélations du quotidien new-yorkais. Ils qualifient la conduite de Facebook de « tyrannique, scandaleuse, insouciante, injustifiée, délibérée, insensible, disgracieuse, obstinée ».

L'avocat qui appuie les demandeurs dans leurs démarches est Theodore P. Charney, juriste de Toronto qui a piloté l'action collective contre Maple Leaf dans le dossier de la listériose. L'entreprise avait fini par payer 27 millions de dollars en dommages, le plus gros règlement en matière de contamination alimentaire dans l'histoire du Canada.

L'avocat représentait aussi Maher Arar et sa famille, qui avaient réussi à obtenir 10,5 millions de la part d'Ottawa, en raison du rôle du Canada dans son expulsion vers la Syrie, où il avait été torturé.

Facebook a été la cible de plusieurs autres demandes d'actions collectives au Canada cette année, notamment pour avoir fourni des données personnelles à la firme Cambridge Analytica et pour un épisode où des pirates auraient réussi à accéder aux comptes de 50 millions d'usagers.