La réalité virtuelle est le nouvel horizon d'équipementiers en téléphonie à la recherche d'idées pour doper les ventes, qui ont tenté cette semaine de démontrer que l'on peut vraiment s'immerger dans un autre monde avec des lunettes et un téléphone intelligent.

Les casques de réalité virtuelle ont donc fait leur apparition en grand nombre, vissés sur les têtes de participants au Congrès mondial de la téléphonie mobile (MWC) de Barcelone, la grand-messe du secteur qui s'achève jeudi.

Le Sud-Coréen Samsung, numéro un mondial de la téléphonie mobile devant l'Américain Apple, a dévoilé dimanche soir ses nouveaux smartphones dans un film en 3D projeté dans son casque Gear VR.

LG a également présenté son casque.

Ils cherchent ainsi à «générer des revenus supplémentaires et a s'imposer comme acteurs majeurs sur de nouveaux produits comme smartwatch, les appareils photos ou les casques de réalité virtuelle», explique Ian Foog, analyste à IHS.

«Ce sont des marchés où il n'y a pas encore de champion incontesté, il y a donc encore une grande marge de croissance», a-t-il dit à l'AFP.

Pour Samsung, la mise en scène étaient millimétrée, des milliers de personnes -journalistes et invités- découvrant au moment où elles retiraient leurs casques la présence sur scène du patron de Facebook, Mark Zuckerberg, accueillie par des applaudissements.

Le Gear VR, sur le marché depuis novembre, utilise une technologie développée par la société américaine Oculus, rachetée en 2014 par Facebook pour 2 milliards de dollars.

«La réalité virtuelle est la prochaine plate-forme où chacun peut expérimenter ce qu'il souhaite», a assuré Mark Zuckerberg.

La photo immortalisant son arrivée au milieu du public plongé dans un autre monde a d'ailleurs créé l'émoi sur le web.

Montagnes russes

L'autre géant sud-coréen, LG, qui a perdu de l'argent dans sa division téléphones portables en 2015, a développé ses propres lunettes de réalité virtuelle pour accompagner son son dernier né, le G5.

«Si tout ceci ne prouve pas que l'industrie se tourne vers la réalité virtuelle, qu'est-ce qui le fera», souligne Jefferson Wang, du cabinet IBB Consulting.

L'engouement s'explique par le ralentissement du marché du smartphone.

Le cabinet spécialisé TrendForce table sur une progression des ventes mondiales de 8,1% en 2016, contre 10,3% l'an dernier.

Le fabricant taïwanais de téléphones portables HTC, en difficulté, a lui aussi pris ce virage, quitte à laisser un peu de côté la téléphonie mobile.

«Les smartphones sont importants, mais créer une extension naturelle vers d'autres appareils comme des accessoires vestimentaires électroniques et la réalité virtuelle est plus important», assurait sa nouvelle PDG, Cher Wang, dans une interview donnée en janvier au journal britannique The Telegraph.

Au salon de Barcelone, les visiteurs se sont pressés pour découvrir ce nouveau monde. Certains n'ont pas hésité à faire la queue pour tester l'attraction proposée par Samsung, des montagnes russes à 360°.

Si le spectateur lève la tête avec le casque vissé sur les yeux, il voit le ciel bleu. À sa droite et à sa gauche défilent les manèges du parc d'attraction et devant lui se profile une descente vertigineuse qui se rapproche à toute vitesse.

Certains, accrochés à leurs sièges, levaient les bras en l'air à l'unisson pendant la simulation.

Le cabinet CCS Insight prévoit des ventes d'accessoires de «réalité virtuelle» qui explosent, passant de quelque 2,2 millions d'appareils en 2015 à 20 en 2018, la plupart compatibles avec des téléphones intelligents.

Les casques de réalité virtuelle plus sophistiqués, à utiliser avec son ordinateur portable, devraient pour l'instant rester une niche, en raison de leur coût plus élevé, explique le responsable de recherche de CCS Insight, Ben Wood à l'AFP.

Certains usagers se plaignent de la mauvaise qualité de l'image offerte par les casques pour téléphones intelligents. «Ils ne sont pas encore tout à fait au point», admet Edward Tang, fondateur et président du fabricant américain de casques Avegant.

«Mais la réalité virtuelle est là pour rester, cela ne fait pas l'ombre d'un doute».