Les débuts officiels en Chine du téléphone portable fétiche d'Apple, l'iPhone, ont été décevants, les appareils de contrebande ou la concurrence ayant joué les trouble-fêtes.

Le 30 octobre, l'opérateur China Unicom, le deuxième du pays, a commencé à vendre l'iPhone sur le plus grand marché au monde pour la téléphonie portable (près de 720 millions d'utilisateurs).

Mais, à Pékin, la petite centaine de personnes qui avaient bravé le vent et la pluie n'ont pas rivalisé avec les foules d'amateurs présentes lors du lancement de l'iPhone à New York en 2007 ou à Hong Kong et Tokyo en 2008.

Selon les experts et les vendeurs, le prix élevé, l'absence de fonction WiFi et une forte concurrence expliquent des premiers pas difficiles.

Unicom avait affirmé que 5000 unités avaient été vendues lors du premier week-end, mais n'a pas donné de chiffre depuis.

«Le marché s'attendait évidemment à plus si on se base sur ce qui s'est passé» dans les autres pays, juge Bertram Lai, analyste de CIMB-GK Securities basé à Hong Kong.

«L'introduction d'un iPhone plus cher et avec moins de fonctions n'est pas très excitant pour le marché», dit-il à l'AFP.

Unicom, deuxième opérateur de téléphonie portable du pays par le nombre d'utilisateurs, offre un ensemble de contrats, qui permet d'abaisser les prix, cependant, à plus de 500 dollars, cela reste encore inabordable pour nombre de Chinois.

Un contrat sans formule d'abonnement fait monter le coût à 1000 dollars.

L'accès WiFi de l'iPhone a été désactivé pour respecter les régulations chinoises --un autre obstacle pour les accros de high-tech qui peuvent facilement se procurer des versions fausses ou de contrebande qui ont l'ensemble des fonctions.

Liu Dongping, directeur commercial du distributeur Quickway Industrial à Shanghai, explique avoir vendu des dizaines d'iPhones Unicom jusqu'à présent, tout en remarquant que l'absence de WiFi est un «sérieux problème».

«L'iPhone d'Unicom a reçu un accueil tiède pour l'instant», dit Liu, notant aussi les limites des logiciels de jeux sur l'appareil.

«La plupart de ceux qui sont intéressés par les iPhones sont des clients haut de gamme. Ils sont assez intelligents pour comprendre que la qualité varie en fonction du prix et du modèle», explique-t-il.

Unicom a malgré tout de grands espoirs pour l'iPhone, espérant en placer cinq millions sur trois ans, mais les experts se montrent dubitatifs.

Son grand rival China Mobile --qui dispose de 508,4 millions d'abonnés contre 142,8 millions pour Unicom, selon les chiffres des sociétés-- propose, lui, son propre «smartphone», l'OPhone, qui dispose du système d'application Android de Google.

«En terme de fonctionnalités, vous avez QQ (messagerie instantanée chinoise) sur l'OPhone et un accès à l'App Store de China Mobile», qui offre 100 000 applications personnalisées pour les utilisateurs chinois, selon M. Lai.

«C'est un concurrent très fort face à l'iPhone», dit l'analyste.

Même si la norme 3G de China Mobile n'est pas compatible avec l'iPhone, ceux qui disposent d'appareils de contrebande peuvent les utiliser avec des cartes SIM de China Mobile avec le réseau 2G de l'opérateur -- un autre problème pour Unicom, selon lui.

Wang Guoping, un analyste basé à Pékin pour Galaxy Securities, est plus optimiste, expliquant que depuis le lancement d'Unicom, le prix des iPhone de contrebande a augmenté, ce qui montre l'attractivité de la marque.

«Les iPhones de contrebande battent Unicom en termes de prix et de WiFi, mais Unicom peut faire face avec un meilleur service après-vente et de maintenance», juge-t-il.

«Il est très difficile de dire quelles seront les ventes à l'avenir, il faut adopter une attitude attentiste», ajoute-t-il.