La Chine a ouvert mercredi le chantier de la téléphonie mobile de troisième génération (3G), de plusieurs dizaines de milliards de dollars, en répartissant officiellement entre ses trois opérateurs les licences pour les normes chinoise, européenne et américaine.

Annoncée de longue date, mais toujours repoussée, l'attribution des licences donne le coup d'envoi à des investissements massifs dans de nouveaux réseaux, indispensables pour le développement d'une technologie ajoutant aux usages habituels du téléphone toute une palette de services.

La troisième génération autorise de meilleurs débits et donc la transmission de données «lourdes». Internet, télévision, visiophonie, téléchargements de musique: autant de services payants, potentiellement rentables.

Le lancement de la 3G sur le premier marché de la planète pour la téléphonie mobile, avec 634 millions d'utilisateurs, était notamment très attendu par les grands équipementiers et fabricants de téléphones étrangers.

A la suite de la restructuration du secteur des télécoms, trois opérateurs - China Mobile, China Unicom et China Telecom - restent en lice et doivent se partager les normes chinoise TD-SCDMA, européenne WCDMA et américaine CDMA 2000.

Selon un porte-parole du ministère de l'Industrie et de la Technologie de l'information, Wang Lijian, China Mobile s'est vu attribuer la norme locale, China Unicom le standard européen et China Telecom l'américain.

C'est parce qu'il est l'opérateur le plus solide, avec 71,7% du marché de la téléphonie mobile fin septembre selon Fitch Ratings, que China Mobile doit hériter de la norme chinoise TD-SCDMA.

China Mobile, qui est aussi numéro un mondial en nombre d'abonnés (plus de 450 millions), teste d'ailleurs déjà depuis plusieurs mois la technologie, qu'il a lancée d'abord dans une dizaine de villes, puis désormais dans près d'une trentaine de villes-clefs, selon des experts.

«Bien que des progrès significatifs aient été réalisés en un temps relativement court, la technologie TD-SCDMA est toujours entravée par des systèmes réseaux et des appareils téléphoniques moins mûrs», a souligné Fitch Ratings dans son rapport sur les télécommunications chinoises publié mercredi.

Moins solides, ses deux concurrents (China Unicom et China Telecom) pourront eux se lancer comme prévu dans les normes étrangères ayant déjà fait leurs preuves, mais aussi soumises à royalties.

Mais tous, pour développer leurs réseaux, doivent aussi procéder à des investissements massifs, estimés par le gouvernement à 41 milliards de dollars en deux ans, dont 29 milliards dès cette année.

Une bonne nouvelle pour les poids lourds étrangers de l'équipement télécom comme Ericsson, Alcatel-Lucent, Nokia, Motorola, ou quelques acteurs chinois comme ZTE et Huawei.

«Huawei Technologies et ZTE se positionnent de mieux en mieux sur le marché chinois et à l'étranger, au point de se poser en concurrents sérieux pour les étrangers», a estimé Fang Meiqin, de l'institut d'analyse BDA.

Par ailleurs, les dépenses attendues ne sont pas qu'une aubaine pour les entreprises. Elles représentent aussi un sérieux coup de pouce aux grands projets du gouvernement chinois visant à stimuler investissements et consommation, et donc l'économie en général.

En annonçant fin décembre que l'attribution des licences étaient imminente, le ministre de l'Industrie et de la Technologie de l'information, Li Yizhong, avait souligné que ces investissements «seraient un bon moyen» de soutenir l'économie en ces temps de crise financière mondiale.

Reste à savoir si le développement de la 3G sera une opération gagnante pour les entreprises de télécoms chinoises. Lancée au Japon en 2001, la 3G, payante, n'a pas rencontré partout dans le monde l'adhésion d'un public satisfait des offres existantes GSM et Wi-Fi.