Avec 11 millions d'unités vendues et le titre de troisième lancement en importance d'une nouvelle franchise dans l'industrie du jeu vidéo, le premier épisode de la série Watch Dogs, d'Ubisoft Montréal, a atteint ses objectifs. Le deuxième, présenté cette semaine à l'Electronic Entertainment Expo (E3), pourra-t-il en faire autant ?

Il y avait quand même une ombre au tableau de Watch Dogs. La critique n'a pas été unanime pour le premier jeu. Sur le site de compilation Metacritic, une référence dans l'univers du jeu vidéo, sa cote est de 80 %. C'est tout juste le seuil généralement considéré comme acceptable pour une production de ce genre.

« On est quand même contents de cette note, mais c'est évident qu'il y avait des choses à améliorer », concède le directeur de jeu de Watch Dogs 2, Danny Bélanger.

Il faut dire que la situation n'est pas nouvelle pour Ubisoft Montréal. Le premier épisode de la série Assassin's Creed avait lui aussi reçu un accueil mitigé malgré des ventes saisissantes.

« Le mandat que je leur ai donné pour Watch Dogs 2, c'était de faire pour Watch Dogs ce qu'Assassin's Creed II a fait pour Assassin's Creed.  » - Yannis Mallat, directeur général d'Ubisoft Montréal

Dans les deux cas, précise M. Mallat, le premier épisode a mis en place des systèmes qui ont pu être poussés plus loin dans le deuxième épisode, en grande partie grâce aux commentaires des amateurs.

Cette rétroaction a permis de mieux situer le jeu, explique le directeur créatif Jonathan Morin.

« Le premier jeu mettait de l'avant un justicier qui se servait du piratage. Le deuxième se concentre davantage sur le piratage. On s'assume plus. »

DE CHICAGO À SAN FRANCISCO

L'emplacement du jeu est passé de Chicago à San Francisco, une décision « majeure » pour un jeu vidéo se déroulant dans un monde ouvert puisqu'elle implique une tonne de travail, rappelle Danny Bélanger.

« On a changé le ton aussi. Le premier était plus sombre, là c'est plus coloré. Le héros du premier était un loup solitaire, celui du deuxième, Marcus, fait partie d'un groupe de pirates. » - Danny Bélanger, directeur de jeu de Watch Dogs 2

L'intelligence artificielle a aussi été modifiée de façon à être plus organique et à moins se concentrer sur le joueur. Les policiers, par exemple, n'existent plus que pour nuire aux joueurs. Ils peuvent aussi intervenir auprès d'autres citoyens de San Francisco.

À TÊTE REPOSÉE

Pour une équipe de créateurs, il est probablement plus facile de réaliser une deuxième édition, estime Danny Bélanger.

« Le fait de partir de quelque chose qui existe et de prendre quelques années pour l'améliorer, ça aide beaucoup. C'est difficile sur un premier épisode d'avoir une vue d'ensemble. » 

De telles superproductions sont développées par blocs.

« Il y a une grosse convergence qui survient à la fin et il devient difficile, rendu là, de corriger les problèmes qui n'apparaissent qu'à ce moment. »

Le deuxième épisode d'Assassin's Creed a obtenu une note de 90 sur Metacritic, contre 81 pour son prédécesseur. S'en sont suivis sept autres épisodes en six ans. Le prochain Watch Dogs réussira-t-il le même coup à sa sortie, en novembre prochain ?

« Le temps le dira », répond, énigmatique, Yannis Mallat.

« La marque est déjà solide, elle va devenir un pilier d'Ubisoft », assure pour sa part Jonathan Morin.

Photo fournie par Ubisoft

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Danny Bélanger, directeur de jeu de Watch Dogs 2