Les éditeurs québécois de jeu vidéo ont littéralement pris d'assaut San Francisco et la Game Developers Conference (GDC), cette année, y envoyant leur plus forte délégation de représentants depuis la création de l'événement, il y a 26 ans. Une vitrine exceptionnelle pour eux, malgré les profondes transformations que vit présentement l'industrie.

Signe des temps, une des nouveautés du GDC 2012 est la place faite aux créateurs indépendants de jeu vidéo. Ces entreprises de plus petite taille bousculent plus que jamais les grands éditeurs, grâce aux nouvelles plateformes de distribution incarnées par les appareils mobiles comme l'iPad, d'Apple, ainsi que les boutiques virtuelles Xbox Live ou PlayStation Network, de Microsoft et Sony.

Le Canada et le Québec n'allaient pas manquer pareille occasion. GDC Play, la portion de la conférence réservée aux indépendants, est occupée presque à moitié par des entreprises d'ici. En incluant Electronic Arts, Ubisoft et consorts, on dénombre 24 entreprises ayant pignon sur rue au Québec au GDC.

«Elles en bénéficient largement: notre salle de réunions est occupée en permanence», constate Rachel Banville, conseillère en affaires internationales pour le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, qui éponge une partie des frais encourus par neuf de ces entreprises. «Des PME qui n'avaient pas les moyens ni le goût de payer pour un stand peuvent ainsi rencontrer des partenaires ou faire du démarchage à l'échelle internationale.»

Frima Studio, le plus gros éditeur indépendant québécois, compte ainsi trouver un distributeur pour ses nouveautés, qui comprennent un jeu pour iPad, un jeu pour la console PlayStation, de Sony, et un troisième projet, un jeu de calibre AAA sur lequel il planche depuis 2009.

«On a beau faire d'excellents produits, pour assurer leur succès commercial, il faut pouvoir les montrer aux distributeurs et c'est ce que le GDC nous permet de faire. Pour nous, c'est important, car nous misons sur ces jeux-là pour développer des marques qui nous appartiennent», explique Geneviève St-Onge, responsable de la mise en marché pour la PME de Québec.

Des occasions à long terme

Profitant du vent favorable à l'industrie canadienne du divertissement numérique, Téléfilm Canada, l'Alliance interactive canadienne (CIAIC) et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international se sont unis afin de commanditer les cocardes remises aux quelque 20 000 professionnels assistant au GDC. Une feuille d'érable encadrée de l'expression «Game Nation» vise à identifier le Canada comme un poids lourd du jeu vidéo.

«Le jeu vidéo a permis au Canada de traverser une récession en défiant les prévisions économiques. Nous sommes un pôle important de la production mondiale et il faut le faire savoir», affirme Ian Kelso, PDG de la CIAIC. La récession et la mobilité sont deux phénomènes qui ont secoué le jeu vidéo ces dernières années, mais ce n'est pas terminé. Une autre nouveauté technologique se présente à l'horizon: la télé connectée.

«En ce moment, un téléviseur sur trois vendu dans le monde est un téléviseur connecté. Les jeux vidéo représentent le quart des applications installées sur ces téléviseurs intelligents, vendus par LG Electronics et Samsung depuis un an. Nous offrons aux créateurs de jeux vidéo les moyens de les utiliser afin de générer des revenus», dit Isabelle Sullivan, de LVL Studio, une PME montréalaise qui a développé des outils permettant d'intégrer des jeux vidéo et d'autre genre de contenu à ces téléviseurs de nouvelle génération.

Au GDC, LVL présente cette nouvelle technologie comme une solution idéale pour les créateurs indépendants désireux de se démarquer en contournant les plateformes déjà établies, où la concurrence est plus qu'abondante. «C'est difficile de percer sur PC ou dans le marché des consoles, mais les télés connectées sont toutes nouvelles et leur potentiel est énorme. Pour un éditeur indépendant, c'est une occasion à saisir», conclut Mme Sullivan.