Une société d'hébergement de sites internet est engagée dans un bras de fer avec la justice américaine qui souhaite identifier les visiteurs d'un site ayant permis d'organiser une manifestation le jour de l'investiture du président Donald Trump.

DreamHost résiste à un mandat lui demandant de fournir les adresses IP et courriels ainsi que toutes autres données disponibles de 1,3 million de visiteurs du site DisruptJ20, qui a organisé une manifestation anti-Trump le 20 janvier.

La société a expliqué dans un communiqué que le département de la Justice souhaitait obtenir ces informations «dans le cadre d'un effort pour déterminer tout simplement qui s'est rendu sur le site internet».

Selon elle, cette requête des autorités enfreint notamment le principe de la liberté d'expression.

«Ces informations pourraient être utilisées pour identifier quiconque a visité le site pour exercer et exprimer une position politique protégée par le Premier amendement de la Constitution», a-t-elle relevé dans son communiqué. «Cela devrait être suffisant pour déclencher le signal d'alarme dans l'esprit de quiconque».

C'est le dernier exemple en date des litiges entre le secteur technologique et les autorités américaines concernant les données des utilisateurs. Il y a un an, Apple avait refusé d'assister la police pour débloquer l'iPhone d'un des auteurs de l'attaque à San Bernardino, pour ne pas créer un précédent.

Des organisations de protection des droits civiques et des droits numériques sont venues au secours de DreamHost.

Mark Rumold, de l'Electronic Frontier Foundation, a souligné l'«ahurissant et excessif mandat de perquisition» et considéré que cette requête constituait une tentative anticonstitutionnelle de traduire en justice les opposants au président.

«Aucune explication plausible ne justifie un mandat de perquisition de cette ampleur, si ce n'est lancer un filet numérique aussi large que possible», a-t-il relevé. «Mais la (Constitution) a été conçue pour interdire les sorties de pêche comme celle-ci».

DreamHost a reconnu avoir déjà remis des données à la suite d'une assignation visant l'organisateur du site, mais a souligné que la requête sur l'obtention de données supplémentaires «menacerait les principes du Premier amendement des tiers innocents qui ont visité ou communiqué avec le site internet».