Un an après la vague de dénonciations #AgressionNonDénoncée, #OnVousCroit prend le flambeau en s'attaquant à la première crainte des femmes qui songent à dénoncer les agressions sexuelles dont elles sont victimes, celle de ne pas être crues.

«On voulait marquer l'anniversaire et commémorer le courage de milliers de femmes qui ont dévoilé leur agression», déclare Nathalie Duhamel, coordonnatrice au Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS). «Le fil Twitter commence déjà à s'activer!»

Cette semaine marquait le début de cette campagne, lancé par le RQCALACS.

Après la dénonciation, l'organisme s'attaque à la hantise des victimes d'agressions sexuelles : celle de ne pas être prises au sérieux. «On pense que les femmes veulent témoigner de l'importance d'être crues», souligne Mme Duhamel. Elle espère qu'elles se serviront du mot-clic #OnVousCroit à cette fin. «C'est une suite au mouvement de novembre 2014.»

Les dénonciations anonymes d'agressions sexuelles à l'UQAM par des étudiantes l'automne dernier s'inscrivent aussi dans l'initiative du mot-clic. «On a beaucoup mentionné le manque de collaboration de la direction de l'Université.» Les femmes se demandent si elles vont être crues. «Si je vais à la direction, est-ce qu'on va me croire?», note Nathalie Duhamel.

Les femmes hésitent à dénoncer et à porter plainte, car elles ont peur de se heurter à des préjugés, selon la coordonnatrice. Bien que le système de justice incite de plus en plus les femmes dans cette voie, dit-elle, seulement 10 % d'entre elles le font. «Le fait de ne pas être prises au sérieux pèserait beaucoup dans la balance.»

Que reste-t-il du «buzz» créé sur les réseaux sociaux par #AgressionNonDénoncée? «Nous avons reçu plus d'appels dans la dernière année, certes, mais le nombre de femmes que nous avons pris en charge est demeuré stable», s'étonne Nathalie Duhamel. «On pensait que cela allait augmenter drastiquement!»

Pour Nathalie Duhamel, l'objectif est de rester visible. «On veut s'assurer que les femmes savent qu'elles peuvent s'adresser à nous. Cela fait 35 ans que nous existons. On veut faire en sorte que la violence sexuelle ne tombe pas dans l'oubli»

L'organisme a reçu du financement en août dernier du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science afin d'entreprendre un nouveau projet avec une professeure de sexologie de l'UQAM pour faire de la prévention avec les jeunes du secondaire. En ce qui a trait à l'annonce de la reprise des cours d'éducation sexuelle au Québec, le RQCALAS voit cela d'un bon oeil. «C'est évidemment une bonne nouvelle!»