Un porte-monnaie numérique, un thermostat qui vous avise lorsque vos plantes ont soif, une table qui se transforme en télécommande ou un WiFi généré par la lumière... voilà quelques-uns des objets qui pourraient bientôt faire partie de nos vies et qui ont été présentés cette semaine dans le cadre de la conférence Le Web, à Paris.

Fondé en 2004, Le Web, organisé par Loic et Géraldine Le Meur, un couple de web-entrepreneurs français aujourd'hui installés à San Francisco, a attiré environ 3500 personnes, selon les organisateurs.

Des entrepreneurs établis ou en devenir, des chefs d'entreprises, mais aussi des responsables de marketing, des blogueurs et des journalistes venus couvrir ce qu'on décrit aujourd'hui comme étant un rendez-vous incontournable pour le milieu du numérique en Europe.

Durant trois jours se sont donc succédé sur la grande scène des Docks de Paris - un centre de conférence installé dans d'anciens entrepôts à proximité du périphérique - des dirigeants de Facebook, Microsoft, Nokia, etc. ainsi que les présidents d'Instagram, de PayPal et d'Evernote.

«Pour les Européens, cette rencontre est une chance d'avoir accès à de grands noms américains, de bénéficier de leurs expériences et d'écouter leurs conseils», a confié Thierry, employé d'une société de crédit en Belgique rencontré durant la conférence.

«Pour moi, il s'agissait de rencontrer des sociétés françaises ou d'autres pays européens, et de les convaincre de venir faire des affaires en Turquie», a expliqué Natali Yesilbahar qui a travaillé à l'entrée de Groupon dans le marché turc.

L'internet des choses

Le thème de la conférence LeWeb cette année, l'internet des choses, a dominé la plupart des allocutions.

«Tout part de là, a lancé Steven Guggenheimer de Microsoft en brandissant son téléphone mobile. Cet appareil pourra faire de plus en plus de choses. Le mariage de capteurs et de données va nous donner accès à une autre dimension en termes de possibilités».

Une affirmation confirmée dans le volet compétition start-ups.

En effet, en parallèle, Le Web avait invité 16 jeunes entreprises en démarrage qui devaient s'affronter dans une compétition évaluée par un jury professionnel.

Le gagnant, la société française Qunb, propose des outils aux entreprises afin qu'elles puissent croiser facilement leurs données avec des données externes.

Parmi les autres projets présentés, plusieurs applications permettant de contrôler des articles ménagers à distance comme le système d'alarme ou encore l'éclairage de la maison. C'est d'ailleurs une tendance qui se dessine de plus en plus.

Depuis juin dernier, la société Orange (l'équivalent de Bell ou de Vidéotron chez nous) propose déjà My Plug, une prise électrique intelligente qui permet entre autres d'allumer et d'éteindre une lampe à distance.

Au cours des prochains mois, Orange multipliera son offre de capteurs et de boutons de contrôle à distance pour ses abonnés.

«C'est le retour des objets, le hardware est de nouveau cool», note Jeffrey Dungen, PDG de la startup montréalaise reelyActive, seule société canadienne présente cette année à LeWeb. Son entreprise veut commercialiser un capteur permettant de communiquer avec les objets à l'intérieur d'un espace donné (un thermostat, par exemple, qui ajusterait la température d'une pièce selon les exigences du membre de la famille qui s'y trouve).

Ne pas réinventer la roue

Difficile d'évaluer combien d'objets pourront être ainsi connectés (on lance les chiffres de 20 à 50 millions), mais chose certaine, il y a là un marché à investir et les jeunes entrepreneurs tout comme les entreprises très établies l'ont bien vu.

«La tendance à développer des réseaux sociaux semble s'essouffler, tout le monde a un compte Facebook, un compte Twitter, un compte Instagram et rien ne sert de réinventer la roue, les investisseurs regardent ailleurs et le hardware semble avoir de nouveau la cote», avance Jeffrey Dungen.

Est-ce à dire que nos maisons seront bientôt encombrées de prises, de boutons et de capteurs? «La meilleure technologie demeure celle qui est la plus facile à utiliser, qu'on ne voit pas, qui est invisible», note Amber Case.

Cette cyber-anthropologue basée à Portland et chouchou de la communauté techno aux États-Unis a présenté ses observations devant une salle captivée qui en aurait pris davantage.

Enfin, comme LeWeb se déroulait en France, il a inévitablement été question de politique. D'abord, un petit groupe de participants à la conférence triés sur le volet a été reçu par le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, et la ministre responsable du numérique, Fleur Pellerin, à l'Hôtel Matignon, un signal que le numérique est pris au sérieux en France.

Plus tôt cette semaine, la vice-présidente de la Commission européenne responsable du numérique, Neelie Kroes, a interpellé l'organisateur de la conférence, Loic Le Meur, lui demandant de lui énumérer les attentes des entrepreneurs face à l'Europe, annonçant en même temps qu'un budget de 100 millions d'euros serait débloqué pour un plan en faveur des entrepreneurs du web.

De son côté, la ministre Pellerin avait annoncé plus tôt cette année un investissement de plusieurs dizaines de millions d'euros pour brancher les foyers français à l'internet haute vitesse.

Pour la ministre et son gouvernement, tout comme pour Neelie Kroes, le développement économique passe obligatoirement par le numérique.