Une attaque massive a été menée depuis quelques jours sur le réseau internet en Birmanie, selon des prestataires de services et des techniciens, laissant présager une possible coupure des réseaux de communication du pays lors des élections législatives de dimanche.

Une attaque massive a été menée depuis quelques jours sur le réseau internet en Birmanie, selon des prestataires de services et des techniciens, laissant présager une possible coupure des réseaux de communication du pays lors des élections législatives de dimanche.

Les usagers ont fait état de connections extrêmement lentes et de coupures fréquentes, certains suspectant la junte au pouvoir de vouloir empêcher les médias internationaux de couvrir le premier scrutin depuis 1990, considéré en Occident comme une mascarade.

«Nos techniciens ont essayé de se prémunir contre des cyber-attaques venues d'autres pays», a indiqué sous couvert de l'anonymat un responsable de Yatanrpon Teleport Co., prestataire de services internet birman. «On ne sait pas encore si l'accès sera bon le jour des élections».

Un employé de l'entreprise privée RedLink Communications Co. a lui aussi fait état de coupures régulières. «Nos techniciens essayent de réparer (...). Nous ne pouvons dire pour l'instant quand un service normal sera rétabli», a-t-il expliqué, en précisant ignorer «l'origine de l'attaque».

Le système a semble-t-il été victime d'une avalanche de messages pour le paralyser, manoeuvre connue sous le nom de DDoS.

L'entreprise américaine de sécurité sur internet Arbor Networks a ainsi expliqué que le fournisseur d'accès public en Birmanie, Myanmar Post and Telecommunications, avait «essuyé une attaque importante et soutenue perturbant le trafic du réseau entrant et sortant du pays».

L'attaque était «plusieurs centaines de fois» supérieures à ce qui était nécessaire pour submerger le réseau terrestre et satellitaire, a ajouté sur le site du groupe Craig Labovitz, directeur scientifique d'Arbor Networks.

L'objectif de l'opération reste inconnu, mais «les attaques géopolitiques de grande envergure, en particulier qui visent un pays tout entier, sont rares«, a-t-il relevé.

À Rangoun, des utilisateurs accusaient les autorités de manipulation.

«Même s'ils disent que le réseau est attaqué, c'est difficile à croire. Je pense qu'ils font ça intentionnellement, afin de retarder les transmissions d'informations vers la communauté internationale le jour de l'élection», a estimé Kyaw Kyaw, étudiant de 25 ans.

Lors de la «révolte Safran» de 2007, mouvement de contestation emmené par les moines bouddhistes, les Birmans avaient utilisé internet pour diffuser à travers le monde les images de la répression (31 morts, 74 blessés selon l'ONU) avant que le pouvoir ne bloque internet pendant quelques jours.

Les connections sont aussi ralenties lors de journées importantes, notamment le 8 août, anniversaire du soulèvement politique de 1988.

En septembre dernier, les sites internet de la Democratic Voice of Burma (DVB), du magazine Irrawaddy et de l'agence de presse Mizzima, groupes d'information birmans en exil, avaient accusé la junte d'être derrière des attaques de hackers.

Le réseau internet est déjà très lent en temps normal dans un pays riche en ressources naturelles, mais dans lequel un tiers des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Un Birman sur 455 était connecté en 2009, selon des statistiques de l'Union internationale des télécommunications, agence onusienne basée à Genève.

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) considère la législation sur l'usage d'internet en Birmanie comme «l'une des plus liberticides du monde», réservant de longues peines de prison aux cyber-dissidents.