On a tous entendu, cet été, cette histoire d'horreur impliquant un ado sans histoire, ayant lancé une invitation à une vingtaine de ses amis sur Facebook. Il voulait organiser une petite réunion intime. Cinq cent personnes sont venues. Cauchemar, vous dites?

En Angleterre, le même scénario s'est produit l'an dernier. La police a dû intervenir (par hélicoptère!) pour chasser les casseurs.

Bref, que de bonnes raisons pour remettre à plus tard, toujours plus tard, l'entrée des enfants dans le merveilleux monde de Facebook, pensez-vous.

Erreur, rétorque la psychologue Amori Yee Mikami, de l'Université de Virginie, qui croit au contraire que si l'enfant y montre un intérêt certain, mieux vaut en profiter pour l'éduquer. «Parce que plus tard, ce sera beaucoup plus difficile», dit-elle.

Amori Yee Mikami, qui travaille sur les amitiés en ligne entre les jeunes, suggère aux parents de lancer la discussion avec leur enfant: pourquoi veux-tu un profil, quels sont tes amis qui sont sur Facebook, est-ce que je les connais? «Exactement comme si vous ameniez votre enfant à une fête. Vous ne le laisseriez pas aller chez n'importe qui, sans connaître les amis, ou encore les parents.»

Tout comme vous avez appris à votre enfant à «ne pas parler aux étrangers», poursuit-elle, vous pouvez aussi lui dire qui accepter, ou non, comme amis. «Je suggère d'aller en ligne avec l'enfant, ouvrir le compte avec lui, voir comment il agit. Vous devez vérifier ses paramètres de sécurité, et pourquoi pas en profiter pour discuter de la protection de sa vie privée.»

«À 8 ou 9 ans, ça ne sera peut-être pas si terrible», croit-elle.

C'est d'ailleurs exactement ce qu'a fait Mathieu, dont les deux filles, Shanti et Mimi, de 5 et 7 ans, ont un compte Facebook depuis quelques mois. «Je n'étais pas chaud à cette idée, confie-t-il. Mais je me suis mis en mode contrôle parental.» Bonne nouvelle, passé le petit «buzz» du début, quelques heures à accumuler les «amis» et à jouer «au jeu du restaurant», ses filles n'y ont finalement pas remis les pieds. N'empêche qu'elles se souviennent de certaines règles. C'est toujours cela de gagné.

De son côté, la Sûreté du Québec, qui effectue depuis 2005 des tournées dans les écoles primaires et secondaires (pour présenter un programme baptisé: vous NET pas seul) a répertorié, de concert avec la Gendarmerie royale du Canada et divers corps de police, 10 règles de base pour un réseautage social «sans risque». Les règles, qu'on présente tant aux jeunes qu'aux parents et membres du personnel scolaire, soulignent l'importance de se renseigner sur le réseau social voulu, de lire et comprendre les modalités d'utilisation, de ne jamais fournir de renseignements personnels, et d'obtenir les paramètres de sécurité les plus restrictifs. On rappelle qu'il faut toujours demeurer prudent, et surtout ne jamais se croire parfaitement protégé.