Finis les boîtes à chaussures bourrées de photos et les journaux intimes: à l'âge du numérique, il est désormais possible de stocker ses souvenirs et ses biens d'internaute dans des coffres-forts virtuels à l'attention de sa descendance.

«Mes enfants ne savent pas encore lire», explique le fondateur du groupe américain LegacyLocker.com, Jeremy Toeman, qui propose de constituer cet héritage numérique. «Un jour, mon blog représentera pour eux une trace identique à celle des vieilles photos de votre grand-père, quand ils voudront connaître mon histoire».

M. Toeman a lancé son site à San Francisco en avril 2009, après une série d'événements marquants: naissance de son premier fils, mort d'une grand-mère de 94 ans plutôt douée sur internet, et turbulent trajet en avion.

S'il disparaissait, qu'adviendrait-il de ses traces sur Facebook, Twitter, gmail et autres comptes mail? Et comment ses proches y accéderaient-ils sans ses mots de passe?

Pour 30 dollars par mois, ou un paiement unique de 300 dollars, LegacyLocker met à disposition un coffre-fort en ligne pour codes d'accès, logins, et copies de documents, de photos ou de vidéos.

«Aujourd'hui, on reçoit en héritage une boîte à chaussures ou un journal intime; demain ce sera un compte Flickr ou encore un blog», explique le créateur du site.

Les clients peuvent également laisser des messages qui seront envoyés à leurs héritiers à leur disparition.

Le célèbre site de socialisation Facebook a lui aussi décidé de faire une place à ses membres décédés, en offrant la possibilité de réaliser des pages leur étant dédiées.

«Nous avons créé le concept de profils "posthumes" où les gens peuvent conserver et partager les souvenirs des défunts», est-il écrit sur le site.

Le fondateur de LegacyLocker est par ailleurs soucieux de permettre aux internautes de conserver des biens virtuels acquis en ligne, comme des gains sur un site de poker ou encore de la musique téléchargée.

Farmville, un jeu mettant en scène une ferme virtuelle, «est un succès colossal sur la Toile et je suis sûr que certaines personnes frissonnent à l'idée que leur ferme se retrouve à l'abandon et finisse par mourir», affirme M. Toeman.

Fervent adepte des nouvelles technologies, l'entrepreneur n'oublie pas pour autant d'éteindre parfois ordinateur, télévision et téléphone pour profiter de son temps ici-bas avec sa famille.

«Ma femme et moi partons camper ce week-end avec les enfants, et on sera complètement déconnectés», confie-t-il. «J'espère qu'on ne finira pas dans un monde du tout en ligne où les gens ne sont plus capables de vivre dans la réalité».