Un avocat chinois a saisi le gouvernement, demandant l'ouverture d'auditions publiques sur sa décision de doter tous les ordinateurs vendus en Chine d'un logiciel antipornographie, a annoncé vendredi une organisation de défense des droits de l'Homme.

Li Fangping, un avocat de Pékin engagé dans la défense des droits de l'Homme, a adressé sa requête jeudi au ministre de l'Industrie et de la Technologie de l'information, Li Yizhong, a affirmé l'organisation Human Rights in China. Li met en doute la légalité de la décision, citant une directive officielle d'octobre 2008 demandant à toutes les agences gouvernementales d'organiser des consultations lors de l'examen de questions «qui concernent les grands intérêts publics ou les intérêts vitaux du peuple», explique Human Rights in China dans un communiqué.

L'avocat a aussi demandé des informations sur le financement du logiciel, l'impartialité du processus d'appel d'offres et «comment le logiciel affecterait la protection de la vie privée et la sécurité de l'information», ajoute l'organisation.

La Chine, qui compte près de 300 millions d'internautes, a exigé des fabricants que chaque ordinateur individuel vendu dans le pays à partir du 1er juillet soit équipé du programme baptisé «barrage vert d'escorte de la jeunesse».

Selon l'un de ses concepteurs, Bryan Zhang, PDG de Jinhui Computer System Engineering, les acheteurs de nouveaux ordinateurs seront cependant libres d'installer ou non le logiciel qui leur sera fourni.

Le gouvernement a expliqué mardi que la mesure visait à protéger la jeunesse en bloquant les sites «malsains, pornographiques ou violents».

Mais une organisation américaine, Computer and Communications Industry Association (CCIA), a dénoncé «une escalade dans la tentative de limiter l'accès à l'internet et la liberté».

Les analystes, pour leur part, en évaluent mal la portée, les directives officielles manquant de clarté ou étant même contradictoires.