Réunie en congrès à Montréal, l'industrie du disque a poursuivi la réflexion aujourd'hui sur les manières de combattre le piratage de fichiers sur internet. Les Canadiens sont les champions du monde du téléchargement : 70 % des citoyens s'y adonnent, et en forte majorité ils le font illégalement, privant ainsi les artistes des revenus du droit d'auteur.

L'ADISQ, par la voix de sa directrice générale Solange Drouin, a rejeté l'idée d'une licence globale qui, moyennant un tarif mensuel, permettrait aux internautes de télécharger tous les contenus artistiques qu'ils veulent.«Au niveau conceptuel, c'est une belle idée, mais quand on regarde les chiffres, cela ne générera jamais assez de revenus pour compenser les pertes causées par le téléchargement. Économiquement, ça n'a pas de sens», a fait valoir Mme Drouin lors des Rencontres québécoises de l'industrie de la musique.

Huit millions de foyers canadiens ont un accès internet. Si, à titre d'exemple, chacun payait 5 $ par mois pour obtenir la licence globale, cela ne générerait que 480 millions $ par an pour rémunérer les artistes et les producteurs de la télévision, du cinéma et de la musique, a-t-elle illustré.

La directrice de l'ADISQ espère plutôt une réponse politique et législative au piratage de fichiers.

«On a besoin que des politiciens prennent le parti du droit d'auteur, même si ça veut dire prendre des mesures impopulaires», a-t-elle exprimé.

En Suède, une nouvelle loi antipiratage prévoit que les ayants droit peuvent obtenir les adresses IP des internautes fautifs et les poursuivre en justice. Depuis son entrée en vigueur le 1er avril, le trafic sur internet a chuté de 30 %.

En contrepartie, a fait valoir Anthony Hémond, l'avocat de l'Union des consommateurs, 130 000 Suédois ont demandé d'adhérer à IPREDator, un site crypté auquel on peut s'abonner pour pirater des fichiers de façon anonyme. Les militants du piratage ont même fondé un parti politique devenu plus populaire que le Parti vert. «Alors le bâton, ça ne fonctionne pas tellement», a soutenu M. Hémond.

L'ADISQ y croit néanmoins encore et surveille de près ce qui se passe en France, où une loi antipiratage prévoyant une riposte graduée (pouvant mener à l'interruption du service internet) devrait être adoptée prochainement.