Debka.com, le site israélien qui a mis la police de New York sur les dents, a une fâcheuse réputation de sensationnalisme, ce qui n'a pas empêché sa dernière alerte à un attentat d'Al Qaïda d'être prise en compte.

Debka.com, le site israélien qui a mis la police de New York sur les dents, a une fâcheuse réputation de sensationnalisme, ce qui n'a pas empêché sa dernière alerte à un attentat d'Al Qaïda d'être prise en compte.

La police américaine avait indiqué samedi avoir multiplié les contrôles de sécurité à Manhattan après que le site eut rapporté que des islamistes projetaient un attentat aux matériaux radioactifs.

Malgré le manque de crédit qu'accordent les experts à ses informations --en général très alarmistes-- le site dispose d'une vaste audience, selon son animateur, Giora Shamis, qui a fait état dimanche de plus d'un million de visiteurs pour les seuls États-Unis.

«C'est tout le paradoxe de sites de ce type, qui mêlent le faux au vrai, ne livrent pas leurs sources, ne signent pas leurs papiers, mais qui par leur sensationnalisme répondent à une attente des lecteurs et à l'ocacsion peuvent être à l'orgine d'un scoop authentique», estime le chercheur israélien Gabriel Weimann.

«Debka.com affirme avoir trouvé sur des sites internet desservant le réseau Al Qaïda l'annonce d'un prochaine attaque terroriste. Or je scrute systématiquement ces sites et n'ai rien vu de tel», ajoute ce spécialiste des rapports entre médias et terrorisme international.

«Cela n'a rien d'étonnant. Jamais la nébuleuse appelée Al Qaïda n'a annoncé à l'avance le lieu ou le moment d'un attentat», ajoute le professeur de l'université de Haïfa, dans le nord d'Israël.

Le fait que de telles informations soient prises en compte «témoigne du degré d'angoise dans la société américaine face au risque d'un nouveau 11-Septembre», souligne t-il.

Pour le politologue Eytan Gilboa, l'affaire «démontre le manque d'assurance des services de sécurité américains et vraisemblablement leur manque d'informations».

«Dans un tel contexte, personne n'ose prendre de risques et l'on préfère redoubler de précautions, même si l'on est quasiment assuré qu'il s'agit d'une fausse alerte», relève le professeur de l'université de Bar Ilan, près de Tel Aviv.

Selon lui, «Debka.com, qui a été créé par un ancien agent du Mossad, dispose parfois d'informations valables».

Plus sévère, le quotidien israélien Maariv dénonce dimanche «l'impensable légèreté dont font preuve certains medias sur des questions sécuritaires».

«Tout internaute assidu de sites comme Debka.com aurait du depuis longtemps se retrancher dans un bunker à l'épreuve de gaz et des radiation avec un masque à gaz», ironise le journal.

«Cela est de la pure médisance» a répliqué M. Shamis, dans une interview à la radio publique, affirmant que son site avait été le seul «à témoigner des échecs de l'armée israélienne durant la guerre au Liban» il y a un an «quand la presse israélienne les masquait».

A New York, la police a utilisé des détecteurs de matières radioactives aux abords des ponts et tunnels après la menace rapportée par le site israélien.

Une porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure à Washington avait toutefois relativisé la menace: «Ce n'est pas vérifié. Il n'y a toujours pas d'information crédible» sur une menace imminente.

Le site Debka.com avait fait état de préparatifs d'attentats par «des camions transportant des matières radioactives contre la plus grande ville américaine et son centre financier», une allusion à New York et son quartier des affaires Manhattan.

A la mi-juillet, le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Michael Chertoff, avait évoqué au Chicago Tribune son «intuition» que les États-Unis allaient être confrontés cet été à un risque élevé d'attentats. Ces propos avaient inquiété et la Maison Blanche les avait minimisés.