Il y a à peine trois ans, les jeunes producteurs Gabe McIntyre et Gabe Bauer étaient confinés à un local minuscule. Installée en Hollande, leur petite entreprise ne disposait que d'une seule caméra numérique et d'une connexion internet. Les fondateurs de Xolo.tv possèdent désormais un studio de télévision et emploient une vingtaine de personnes. Depuis l'été dernier, ils ont généré des bénéfices de 700 000, soit plus d'un million de dollars canadiens.

Il y a à peine trois ans, les jeunes producteurs Gabe McIntyre et Gabe Bauer étaient confinés à un local minuscule. Installée en Hollande, leur petite entreprise ne disposait que d'une seule caméra numérique et d'une connexion internet. Les fondateurs de Xolo.tv possèdent désormais un studio de télévision et emploient une vingtaine de personnes. Depuis l'été dernier, ils ont généré des bénéfices de 700 000, soit plus d'un million de dollars canadiens.

Leur concept de télédiffusion sur l'internet fait d'ores et déjà pâlir d'envie moult télédiffuseurs traditionnels qui aimeraient bien investir le nouveau monde de la webtélé.

«Formé en production multimédia, j'ai d'abord été réalisateur commercial à la pige. J'ai fait de la publicité et des vidéos d'entreprise pour gagner ma vie. Au-delà de cette pratique, mon partenaire Gabe Bauer et moi avions le désir d'être beaucoup plus créatifs. Mais nous ne pouvions jamais faire valoir nos idées aux grands réseaux de télévision. On nous faisait poireauter ou bien on nous piquait carrément nos idées. Exaspérés, nous rêvions d'avoir un véritable pouvoir sur nos concepts», raconte Gabe McIntyre à La Presse.

«Lorsque la large bande est devenue accessible sur l'internet, lorsque de nouveaux outils numériques ont été rendus accessibles aux petits producteurs indépendants, nous nous sommes rendu compte que notre rêve deviendrait réalité», explique le producteur d'origine américaine, élevé à Londres et installé aux Pays-Bas.

On le sait, la production audiovisuelle sur l'internet n'a décollé qu'il y a trois ou quatre ans; il est alors devenu possible pour des producteurs indépendants de contourner l'ordre établi de la télédiffusion traditionnelle.

«Pourquoi payer des centaines de milliers de dollars pour une licence qui nous permette de diffuser nos productions sur un territoire donné si nous pouvons désormais le faire à un coût presque nul et rejoindre le monde entier? demande McIntyre. Les marchés de niche à l'échelle mondiale ne sont-ils pas beaucoup plus considérables que les marchés de masse circonscrits à un seul territoire? C'est pourquoi nous avons créé notre propre plateforme de diffusion, notre propre structure de production, notre propre réseau, nos propres contenus (émissions, reportages, concepts publicitaires).»

Visionnaires, les deux Gabe se sont alors projetés dans l'avenir: «Il fallait voir plus loin que les ordinateurs personnels, qui étaient les seuls outils de lecture audiovisuelle (à part la télé) il y a trois ans. Il fallait prévoir la venue des baladeurs numériques, des téléphones portables avec écran, de la télévision IP. Il fallait prévoir la demande croissante de contenus pour tous ces outils de lecture», indique le cofondateur de Xolo.tv.

Encore fallait-il trouver des sources de revenus pour envisager une croissance tangible et non virtuelle.

«Les gros vendeurs de produits culturels ne font que peu d'argent avec leurs ventes de disques ou de DVD, il en font plutôt avec leur image de marque, fait observer Gabe McIntyre. C'est ce que nous avons fait en convainquant de grands annonceurs de faire valoir leurs produits dans des marchés de niche que nous investissons avec Xolo.tv, comme Coca-Cola pendant le Mondial de soccer en Allemagne, où des centaines de milliers de jeunes ont convergé l'été dernier, ou comme la Mini de BMW, qui s'adresse à une clientèle branchée. Par conséquent, les marques de ces annonceurs donnent de la crédibilité à la nôtre.»

Plusieurs entreprises sont nées depuis cette nouvelle révolution technologique dans l'audiovisuel : certaines développent des plateformes d'hébergement, d'autres font de la production, d'autres deviennent consultants pour les industries culturelles et les médias traditionnels. «Par exemple, indique McIntyre, le producteur Anil Demello a lancé MobuzzTV à Madrid, une webtélé qui diffuse ses productions en trois langues (espagnol, anglais, français). Il fait déjà beaucoup d'argent avec ses contenus.»

Gabe McIntyre prévoit en ce sens une croissance rapide de la production indépendante en webtélé. «Contrairement aux industries culturelles du monde physique, l'espace n'est pas limité. Je crois en ce sens qu'il y aura toujours de la place pour de nouveaux arrivants étant donné les faibles coûts d'installation et de production.»

Vraiment? Les plus puissantes industries culturelles de ce monde ne tenteront-elles pas de créer un nouvel ordre économique sur l'internet?

Gabe McIntyre fait preuve d'un optimisme désarmant : «Elles vont tout tenter pour dominer le marché, mais je ne crois pas que cela pourra fonctionner dans un environnement numérique. L'industrie de la musique est un bon exemple de cette incapacité de dominer les nouveaux modes de diffusion. Elle a liquidé Napster et Kazaa; des dizaines d'autres entreprises du même genre sont nées le lendemain de ces mises à mort. C'est que le terrain de jeu est devenu illimité. On veut de plus en plus de contenus adaptés à chaque marché, à chaque groupe d'affinités. Dans mon propre ordinateur portable, j'ai bien sûr des contenus grand public mais aussi des contenus créés en Irak, en Écosse, au Tibet, des contenus que je ne peux obtenir des médias traditionnels. Donc, la cohabitation des contenus commerciaux et non commerciaux est là pour rester.»

Sur le Web:

- Xolo.tv