Casque de baladeur numérique sur les oreilles, les yeux scotchés à l'écran de leur téléphone portable, les Japonais qui s'entassent chaque jour dans les transports en commun délaissent de plus en plus les journaux au profit de la musique ou d'émissions de radio téléchargeables.

Casque de baladeur numérique sur les oreilles, les yeux scotchés à l'écran de leur téléphone portable, les Japonais qui s'entassent chaque jour dans les transports en commun délaissent de plus en plus les journaux au profit de la musique ou d'émissions de radio téléchargeables.

Face à ce tsunami du multimédia mobile, la puissante presse écrite japonaise s'efforce de s'adapter aux nouveaux comportements du lectorat.

Elle s'est donc lancée dans les podcasts (baladodiffusions audio ou vidéo), très populaires vecteurs d'informations déjà exploités par les radios et les TV.

Deux des plus gros quotidiens nationaux, le Yomiuri et le Nikkei, ont lancé des programmes audio, «Yomiuri Podcast News» et «Kiku Nikkei» (écouter le Nikkei), qui se servent de la baladodiffusion comme nouvel appât.

Le Yomiuri, premier quotidien du Japon (plus de dix millions d'exemplaires par jour, sept jours sur sept, avec deux éditions quotidiennes en semaine), offre un programme audio d'une vingtaine de minutes du lundi au vendredi.

Disponible à six heures du matin, cette émission destinée aux foules de banlieusards qui prennent train ou métro donne un résumé des articles de la première édition du jour. L'éditorial y est également repris.

L'après-midi, le Yomiuri propose un bref «podcast vidéo», réplique en images pour baladeur vidéo des articles de l'édition du soir.

Ce programme, de moins d'une dizaine de minutes et qui cible en priorité les femmes, est présenté par une journaliste en plateau dont les commentaires de l'actualité sont parfois accompagnés de banc-titres (pages du journal, photos) ou de séquences vidéo.

De son côté, le Nihon Keizai Shimbun (Nikkei), la «bible» des milieux d'affaires, offre également chaque matin à partir de 09H30 un «podcast vidéo», qui passe en revue en moins de dix minutes les plus importantes nouvelles.

En studio, la journaliste est flanquée d'un rédacteur en chef de la maison, qui apporte l'éclairage nécessaire.

Le Nikkei, important groupe de presse multimédia, diffuse en outre chaque matin un autre programme, audio cette fois, à transférer sur un baladeur.

Cette émission quotidienne d'une demi-heure, animée par deux journalistes, passe en revue les principaux titres du quotidien.

Sa version hebdomadaire, le Nikkei Business Weekly, accompagne sa publication de podcasts audio et vidéo, dont un co-animé par le rédacteur en chef du journal.

«J'étais un lecteur du magazine, mais je l'avais abandonné. Grâce à ce nouveau programme, qui donne un côté vivant aux articles à travers les explications du rédacteur en chef, je me suis de nouveau abonné», témoigne un client.

La rédaction du Nikkei reçoit des réactions et requêtes de Japonais ou de nipponisants vivant à l'étranger.

«Grâce au podcast, nous nous internationalisons», se réjouit le rédacteur en chef du Nikkei Business Yutaka Inoue, dont le franc-parler est très apprécié des auditeurs.

La plupart de ces programmes sont en partie financés par la publicité dont les spots servent de génériques ou de transition entre deux séquences.

D'autres journaux s'y mettent. Le quotidien Mainichi diffuse par exemple des podcasts audio hebdomadaires basés sur l'actualité, en anglais, à l'attention des salariés japonais qui souhaitent améliorer leur compréhension de la langue de Shakespeare.

Il propose aussi un programme spécial en japonais exclusivement consacré aux événements culturels (sorties de films, livres, expositions) essentiellement à l'attention des femmes.