Pendant que le monde de la télé remet en question la viabilité des modèles de diffusion traditionnels, MusiquePlus avance. Dès septembre prochain, la chaîne spécialisée compte proposer gratuitement ses émissions originales sur le Web par un site complètement retapé. À terme, les auditeurs pourront écouter en streaming les émissions de la chaîne et télécharger sur leur baladeur vidéo numérique (tels que le iPod vidéo) ou leur ordinateur, des capsules et des entrevues réalisées par la chaîne.

Pendant que le monde de la télé remet en question la viabilité des modèles de diffusion traditionnels, MusiquePlus avance. Dès septembre prochain, la chaîne spécialisée compte proposer gratuitement ses émissions originales sur le Web par un site complètement retapé. À terme, les auditeurs pourront écouter en streaming les émissions de la chaîne et télécharger sur leur baladeur vidéo numérique (tels que le iPod vidéo) ou leur ordinateur, des capsules et des entrevues réalisées par la chaîne.

MusiquePlus emboîte ainsi le pas au service en ligne de Radio-Canada, qui propose déjà quelques émissions en streaming (Le Téléjournal, Les Coulisses du pouvoir, les reportages de L'Épicerie...). Cette offre d'émissions à télécharger rejoint l'initiative de quelques chaînes américaines qui vendent déjà des émissions par le iTunes Music Store. Même MTV aux États-Unis a déjà son service de vidéocasting; les auditeurs peuvent télécharger gratuitement des capsules d'infos musicales.

La webdiffusion est devenue le nouveau champ de bataille des télédiffuseurs. Dernière à se lancer dans l'arène, la chaîne ABC (propriété de Disney) annonçait pour ce mois-ci la mise en ligne du service My ABC. Les auditeurs auront le loisir de télécharger gratuitement certains épisodes de séries populaires telles que Lost et Desperate Housewives, avec publicité. Des épisodes de ces séries sont déjà en vente sur le site iTunes Music Store au coût de 1,99US par épisode, mais sans publicité.

Réaction, interaction

Pour MusiquePlus, la migration de son auditoire cible du petit écran à l'Internet est déjà acquise. «Beaucoup de gens du monde de la télé se posent des questions, relève Patrick Élie, directeur de M+i, le département interactif de MusiquePlus. Nous, on s'en pose d'autant plus que notre public est plus jeune et déjà très présent sur Internet. Notre priorité est de réagir à cette situation le plus vite possible.»

Selon Patrick Élie, l'objectif à court terme de MusiquePlus est de diffuser les contenus de la chaîne sur le plus de plates-formes interactives possibles. Son département, souligne-t-il, travaille déjà en étroite collaboration avec le service des programmes de MusiquePlus: «Nos émissions sont de plus en plus interactives. Les auditeurs sont invités à réagir à nos émissions avec les messages textes de leurs téléphones cellulaires, ou par notre site Web.»

Pour MusiquePlus et les autres télédiffuseurs, un sondage publié par la firme Ipsos-Reid en août 2005 tirait la sonnette d'alarme. Le sondage (Online News and Information Seeking: What the Future Holds) révélait que l'Internet gagne du terrain sur les autres médias dans les habitudes des Canadiens, qui passent désormais 12,7 heures par semaine en ligne. La radio traditionnelle (11 heures) est déjà dépassée, alors que la télévision (14,3 heures) est sérieusement menacée par l'importance de l'Internet dans nos vies.

«C'est la goutte qui a fait déborder le vase, commente Élie. Le sondage révélait que les jeunes passent plus de temps devant l'ordinateur que devant la télévision. Pour toutes les conséquences financières que ça implique, on doit être actif et rejoindre les jeunes où ils sont.»

Pour septembre, le directeur du département interactif de MusiquePlus prévoit mettre en ligne les émissions originales, après une première diffusion à la télévision: «Avant la diffusion à la télé, on aimerait avoir des extraits à présenter sur le Web, des avant-goûts. Ce qu'on recherche, c'est rendre notre contenu accessible et gratuit.» Comment la chaîne composera-t-elle avec l'impératif publicitaire dans le contexte de la webdiffusion? Avec des formats adaptés à l'Internet, laisse entrevoir Patrick Élie. «On pense qu'il y aurait des formats qui pourraient mieux passer que des publicités 30 secondes -des 15 secondes, par exemple. Mais c'est clair que ça demande une certaine adaptation.»