Une bataille de normes - une autre - pend encore au-dessus de la tête de la télévision à ultra haute définition, l'une des vedettes du Consumer Electronics Show, cette semaine, et menace de ralentir son implantation dans les salons du monde entier.

La multiplication des modèles de téléviseurs «4K» ou «UHD» est certes une bonne nouvelle pour les acheteurs précoces de nouvelles technologies.

La plupart des fabricants ont en effet l'intention de diversifier significativement leur offre en 2014. La gamme de Sony, par exemple, passera de quatre à neuf modèles cette année, et celle de Panasonic, de un à cinq modèles.

Cette diversification se traduira notamment par la disponibilité de modèles de «seulement» 49 pouces, offerts à des prix inférieurs aux modèles de 55 pouces et plus offerts l'an dernier.

Pas de normes claires

Mais le ciel de la télé 4K n'est pas pour autant au beau fixe. Le plus menaçant des nuages à l'assombrir est l'absence de normes claires et unanimes sur certains aspects.

C'est le cas principalement des codecs, les langages employés pour compresser les signaux à ultra haute définition.

Alors qu'on croyait que le codec HVEC, aussi appelé «H.265», était en voie de s'établir, Google a jeté un pavé dans la mare en annonçant que son service de vidéo YouTube, l'une des rares sources facilement accessibles de contenus 4K à l'heure actuelle, allait privilégier la norme concurrente VP9, qu'elle a participé à concevoir.

L'autre grand fournisseur initial apparent de contenu 4K, Netflix, a pour sa part annoncé que sa série House of Cards serait encodée au format H.265 lorsqu'elle sera mise en ligne, à la mi-février.

Les manufacturiers prudents

Cette incertitude liée aux codecs et d'autres touchant les normes de transmission ou d'authentification de signal ont convaincu certains manufacturiers de jouer de prudence.

Samsung, par exemple, a annoncé que tous ses téléviseurs UHD mis en vente cette année seraient protégés de la désuétude par la création d'un boîtier détachant certaines composantes du téléviseur lui-même.

«Il n'y a pas de ports sur la télé elle-même, ils sont sur un boîtier extérieur, explique Jean-Pierre Jutras, de Samsung Canada. S'il y a un changement dans les normes liées aux ports ou aux codecs, on pourra simplement remplacer la boîte.»

Le coût de ce boîtier de remplacement dépendra de ses composantes, mais il devrait être nettement inférieur à celui d'un nouveau téléviseur.

Sony n'a pas retenu cette approche, sûre que ses produits seront capables de s'adapter en cas de besoin.

«Nous sommes la seule compagnie qui est impliquée du début jusqu'à la fin du processus de création et de livraison de contenu 4K, note le porte-parole Guy Séguin. S'il y a une compagnie qui peut être prête et savoir exactement tout ce qui se passe, c'est Sony. Nous sommes tellement impliqués dans l'industrie que ce serait difficile de manquer le bateau.»

Envoyé Spécial Las Vegas