Le livre numérique québécois se porte plutôt bien. Une rentrée scolaire en bonne partie numérique a propulsé les ventes de livrels dans la Belle Province, mais ce n'est pas fini. L'éventuelle mise en marché, par Apple, d'un iPad Mini à écran de 7 pouces pourrait stimuler encore davantage le marché global du livre numérique.

Un tel appareil irait jouer directement dans les pattes du Kindle Fire et du Nexus 7, de petites tablettes à système Android qu'Amazon et Google positionnent toutes deux comme des liseuses évoluées, conçues exprès pour la lecture de livres et de magazines ainsi que pour le visionnement de vidéos.

«C'est certain que l'arrivée d'un iPad Mini serait une bonne nouvelle pour les gens qui aiment lire des livres en version numérique. Ce sera le format idéal pour la lecture et les éditeurs québécois sont de plus en plus nombreux sur l'iBookstore. Les choses se sont beaucoup améliorées de ce côté au cours des derniers mois», observe Clément Laberge, directeur du service d'édition numérique de la société De Marque, à Québec.

Selon les rumeurs, Apple prépare pour la fin d'octobre un iPad Mini doté d'un boîtier léger et ultramince, comparable à celui de l'iPhone 5. Idéal pour être tenu d'une seule main, il aurait un écran de 7 à 8 pouces et, surtout, la technologie Retina Display, qui facilite la lecture même si l'affichage demeure rétroéclairé.

Selon les analystes, un tel appareil renforcerait la position d'Apple dans le marché du livre et du magazine numériques. Sous cette forme, la société de Cupertino frapperait dans le mille, estime Gene Munster, l'analyste de Piper Jaffray qui la suit depuis plusieurs années déjà. «Si son lancement a lieu au cours du dernier trimestre de 2012, Apple pourrait vendre de 4 à 6 millions d'exemplaires de ce petit iPad avant Noël», a-t-il écrit plus tôt cet automne, dans une note aux investisseurs.

Au Québec, Apple est actuellement le deuxième vendeur de livres numériques derrière Archambault et tout juste devant Kobo. Non seulement un petit iPad viendrait-il stimuler les ventes de livres de l'iBookstore, il pourrait forcer Amazon à plier l'échine devant les éditeurs québécois, afin d'accélérer son entrée dans le marché québécois. Les deux parties ne s'entendent pas sur la politique de prix réduits d'Amazon, jugée trop sévère par les éditeurs.

Popularité «exponentielle» pour le livrel québécois

Après un printemps au ralenti, notamment en raison de la grève étudiante qui a éloigné les jeunes lecteurs des rayons des librairies, l'automne a permis à l'édition québécoise de reprendre son rythme de croisière. L'édition numérique, elle, a remis le cap sur la croissance: valant 250 000$ pour l'ensemble de 2011, les ventes de livrels ont franchi le million de dollars à la fin d'août, cette année.

D'ici Noël, elles pourraient atteindre 2 millions de dollars, pour environ un demi de 1% des ventes totales de livres au Québec, à 500 millions de dollars. C'est peu, mais c'est aussi beaucoup, observe-t-on dans l'industrie. «Le livre numérique sort du marché des premiers adopteurs, il devient grand public. La période des Fêtes devrait marquer un tournant», prédit Clément Laberge.

L'arrivée éventuelle sur le marché d'un nouvel iPad Mini ne nuira pas à ce phénomène, bien au contraire, car en lançant un produit rival aux deux liseuses évoluées que sont les Kindle Fire et Nexus 7, Apple Canada ne manquera pas de vanter la présence de contenu francophone dans son iBookstore. Bref, quoi qu'il arrive, les consommateurs qui recherchent une plus grande disponibilité des livres numériques québécois seront servis, au grand dam des libraires.

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