C'est l'une des activités préférées des Québécois. C'est une science encore inexacte. Prédire la météo n'en demeure pas moins un marché très lucratif, que les trois cofondateurs de Sky Motion Research tentent de percer, une application mobile à la fois.

Le principal atout de cette petite société montréalaise, qui sort de l'ombre après deux ans de mise au point effrénée?

Son système entièrement automatisé d'analyse d'imagerie satellite prétend atteindre un taux de réussite de 97% lorsque vient le temps d'annoncer une averse dans les 120 prochaines minutes.

C'est pourquoi son service ne dépasse pas cette limite de temps, ce qui la distingue des MétéoMédia et Accuweather de ce monde.

Une approche unique

«Notre approche est unique. Nous appliquons à des photos de nuages des modèles d'analyse tirés de l'industrie du jeu vidéo», explique Maxime Julien, un ancien cadre d'Ubisoft qui s'est joint à Sky Motion Research aux côtés d'un ex-dirigeant de Discreet Logic et d'un ex-employé du Groupe Pages Jaunes.

Le résultat est une application offrant des prévisions météo à très court terme, soit pour les deux prochaines heures, et dont la précision géographique est étonnante: Sky Motion Research ajuste ses prévisions en fonction de très petites zones. Par exemple, elle peut annoncer de la pluie de 15 h 30 à 16 h dans le centre-ville de Montréal.

En effet, à 15 h 30 pile, une averse a déferlé sur le café de l'avenue McGill College où se déroulait l'entrevue avec M. Julien. Vingt minutes plus tard, on a constaté les dégâts: refoulement d'égouts et certaines intersections inondées.

«On voit un marché dans les services aux entreprises: les organisateurs d'un festival extérieur pourraient décider de tenir ou pas un concert sur une scène donnée avec plus de certitude. Si la pluie ne dure que quelques minutes, il suffit de le retarder un peu au lieu de l'annuler. On trouve des applications de ce genre dans pratiquement toutes les industries dont les activités ont lieu à l'extérieur», constate M. Julien.

Le petit monde des applications météo est étonnamment lucratif. La météo arrive au deuxième rang des applications les plus téléchargées, toutes plateformes mobiles confondues, derrière le vaste marché des jeux vidéo. Malgré cela, les applications météo sont les plus payantes.

Météo mobile: un marché lucratif

Dans une étude publiée à la fin de 2011, le cabinet Research2Guidance a détaillé les revenus générés par ce type d'applications pour la plateforme Android, de Google.

Selon cette étude, le revenu moyen d'une application Android est de 2437$. Une application météo? Quelque 21 000$, soit presque 10 fois plus.

«Plus du quart des téléchargements sur Android sont des jeux, mais des catégories à la taille plus modeste, comme la météo, ont un potentiel de revenus plus élevé», explique Egle Mikalajunaite, de Research2guidance. Le chercheur s'interroge: après tout, qui n'a pas d'application météo sur son téléphone intelligent?

Justement. Déloger les acteurs importants déjà en place est le défi que devra relever Sky Motion Research.

L'entreprise se voit déjà engranger des millions en profit dès l'an prochain, ce qui nécessitera tout un coup de chance.

Si l'entreprise peut prédire avec certitude la météo qu'il fera dans deux heures, déterminer à l'avance le succès d'une application mobile est encore, à ce jour, une science bien peu exacte...