En perte de vitesse dans la téléphonie mobile, Motorola tente le grand coup avec l'Atrix, un téléphone intelligent Android doté de tous les talents, et même plus: au gré de ses accessoires, il peut se transformer en récepteur numérique pour la télé ou en ordinateur personnel à connexion permanente à l'internet, ce que le fabricant américain appelle un «Webtop».

Initialement dévoilé à Las Vegas dans le cadre duConsumer Electronics Show (CES), en janvier dernier, l'Atrix est un téléphone vendu comme appareil 4G aux États-Unis. Au Canada aussi, probablement. Bell et son réseau HSPA+ en ont l'exclusivité, et le géant montréalais joue lui aussi sur les mots, en qualifiant la technologie HSPA+ de 4G, comme le font ses homologues américains... et Telus.

Plus que tout le reste, c'est cette connexion qui fait la différence, l'Atrix étant conçu de manière à exploiter cet accès permanent à l'internet de toutes les façons imaginables. Doté d'un processeur double coeur Tegra 2 de la société Nvidia, l'appareil est plus qu'un simple téléphone aux fonctions évoluées: c'est peut-être le premier véritable ordinateur multimédia de poche de l'ère moderne. De la même façon que l'iPad prétend être la première tablette de l'ère moderne, si vous voyez ce que je veux dire...

De retour à l'Atrix, pour une première fois se trouvent réunis en un seul appareil tous les critères de base nécessaires pour une vie numérique complète: un format compact pour les communications, une connectivité multimédia idéale pour le divertissement numérique et une puissance de traitement bonne pour le travail de bureau typique du moment.

Un ultraportable branché

Cela nécessite cependant les bons accessoires, et il faut les payer à part. Cela comprend un socle multimédia avec sortie HDMI et ports USB qu'on peut brancher à un téléviseur ou à un moniteur, grâce auquel les applications de photo et de vidéo prennent tout leur sens. Bell inclut une application de télé en direct qui permet de syntoniser les postes de sa filiale CTV (ce qui comprend seulement RDS, en français).

C'est surtout le second accessoire qui vaut le détour: sous la forme d'un ultraportable, Motorola fusionne clavier, écran de 11 pouces et pile d'appoint. On dépose le combiné sur un socle à l'arrière pour afficher à l'écran l'interface Webtop.

Si Motorola développe un peu plus cette interface, l'Atrix pourrait devenir le premier ultraportable dans le nuage, avant même les premiers appareils Chrome OS. Car Webtop est un environnement indépendant d'Android, même s'ils cohabitent plutôt bien.

Sous Webtop, Android 2.2 est encapsulé dans une fenêtre toujours ouverte, ce qui permet d'accéder aux documents et applications mobiles stockées dans ses 16 gigaoctets de mémoire interne, ou sur la carte MicroSD.

Ça peut sembler banal, mais pour Motorola, c'est un pari peu risqué qui pourrait rapporter gros: les portables à connexion cellulaire sont populaires dans le monde corporatif. L'Atrix est assez audacieux pour faire d'une pierre deux coups: remplacer téléphone et ordinateur personnel.

Reste à voir si les gestionnaires TI sont à l'aise avec Android 2.2, pas le plus sécuritaire des systèmes mobiles, semble-t-il.

Élégant mais peu robuste

Le combiné comme tel est au goût du jour: son élégant écran tactile de 4 pouces affiche 960 x 540 pixels, et il est enchâssé dans un boîtier en plastique qui n'est pas des plus robustes. Au bas de l'appareil se trouve aussi un haut-parleur dont le grillage de protection est si mince qu'il se cabosse à la simple pression de l'ongle. Pas bon signe.

Heureusement, sous le capot, c'est plus solide: la mécanique est bien rodée. Passer d'une application à l'autre se fait rapidement, tout comme le chargement de vidéos ou d'autres documents numériques. Et, bonne nouvelle, la pile est du même calibre: les chances d'en venir à bout avant de retourner à la maison à la fin de la journée sont à peu près inexistantes.

Bref, l'Atrix est un téléphone plus qu'intelligent. Ceux qui n'ont pas peur des relations à long terme peuvent se l'offrir pour 170 $. Les autres devront débourser 600 $ à partir du 17 mars, plus le prix des accessoires (pas encore annoncé). Dans tous les cas, s'il y a un appareil sur le marché en ce moment qui repousse les limites de la téléphonie, c'est l'Atrix.

Reste à voir si ces limites méritent d'être repoussées.

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