Le concepteur britannique de processeurs ARM a fait sensation cette semaine à la Bourse de Londres grâce à l'annonce d'un accord stratégique avec le géant des logiciels Microsoft, qui couronne le parcours époustouflant de cette jeune entreprise créée en 1990.

Inconnu du grand public, ARM Holdings incarne pourtant l'une des plus belles réussites dans le secteur technologique au Royaume-Uni, pays réputé pour ses ingénieurs et informaticiens, mais qui compte peu de champions mondiaux dans ce domaine.

Fondé en 1990 à Cambridge (est de l'Angleterre) dans les locaux d'un ancien élevage de dindes, ARM a bâti son succès sur le développement d'une gamme de puces informatiques aux performances sans cesse accrues tout en offrant une faible consommation d'énergie, ce qui les rend idéales pour l'électronique mobile.

Ces processeurs basse consommation ont déjà envahi une multitude d'appareils, en particulier les téléphones et baladeurs portables, dont ils permettent d'économiser les batteries. À noter qu'ils ne sont pas fabriqués directement par ARM, qui se contente de vendre ses technologies sous licence à des tiers.

Seul inconvénient, ces processeurs sont conçus sur une «architecture» distincte de ceux équipant les ordinateurs personnels, chasse gardée des groupes américains Intel et AMD: ils nécessitent donc des systèmes d'exploitation et des logiciels différents de ceux conçus pour les PC.

Mais Microsoft a ouvert mercredi une nouvelle page dans l'histoire de l'informatique personnelle en annonçant lors du salon électronique CES, qui se déroule en ce moment à Las Vegas, que la prochaine version de son système d'exploitation pour PC, Windows, serait compatible avec les puces d'architecture ARM.

Cette annonce, qui a fait sensation dans le milieu informatique, a pour but premier de permettre à Windows de percer sur le marché en pleine ébullition des tablettes tactiles. Il ouvre parallèlement à ARM un nouveau marché: ses processeurs vont pouvoir s'attaquer aux PC, en commençant par les ordinateurs portables, où leur faible consommation d'énergie pourrait séduire bien des fabricants.

La date de lancement du prochain Windows n'est pas encore fixée, mais Microsoft a fait la démonstration à Las Vegas de prototypes du système fonctionnant sur des ordinateurs à base de processeurs ARM.

Les investisseurs ont salué cet accord stratégique, faisant grimper le cours de l'action d'ARM à la Bourse de Londres. Il a bondi de 10% cette semaine, après avoir déjà plus que doublé l'an dernier et quadruplé en trois ans.

Du coup, la valeur boursière du groupe dépasse désormais les 7 milliards d'euros, devançant nettement les 4,5 milliards affichés par AMD, mais loin derrière le mastodonte Intel (qui pèse près de 90 milliards d'euros).

L'accord avec Microsoft a également conforté les spéculations sur un prochain rachat du groupe britannique, qui en font un chouchou des investisseurs londoniens. Le géant des logiciels est lui-même considéré comme un prédateur potentiel, aux côtés d'Intel.

Apple est aussi souvent cité parmi les candidats au rachat d'ARM, malgré sa retenue légendaire en matière d'acquisitions.

Les deux groupes ont en effet de nombreux liens: ARM est né du rapprochement d'activités issues du constructeur californien et du défunt fabricant anglais d'ordinateurs Acorn Computers, et la marque à la pomme a fait appel au groupe britannique pour équiper ses appareils mobiles (iPod, iPhone et iPad). Enfin, Apple pourrait s'offrir ARM sans effort, ayant plus de 40 milliards de dollars en réserve.