Sentant souffler vers elle le vent de la crise, la téléphonie mobile aborde lundi son congrès mondial à Barcelone avec une certaine morosité, même si les acteurs de ce secteur innovant prévoient de multiplier les lancements commerciaux à cette occasion.

La crise sera au menu dès la première session de ce rendez-vous annuel, où 1200 entreprises et 60 000 professionnels sont attendus jusqu'à jeudi: les patrons de l'opérateur espagnol Telefonica, du britannique Vodafone et du norvégien Telenor plancheront sur la question d'une «croissance durable dans des temps difficiles».Motorola, Ericsson, Samsung, BT ... ces acteurs des télécoms ont annoncé ces derniers mois des milliers de suppressions d'emplois mais répondent quand même présents au congrès, tout comme les géants de l'informatique et de l'internet Yahoo!, Nec ou Microsoft, qui commencent eux aussi à sentir l'effet de la récession.

Alors que le marché du mobile connaît une progression ininterrompue depuis 10 ans, les ventes de téléphones devraient, pour la première fois de leur histoire, baisser en 2009, selon l'institut d'études Gartner qui table sur un recul de 1 à 4%.

Du côté du nombre d'abonnés, leur croissance, qui a atteint 18,5% en 2008, ne sera plus que de 12,7% en 2009, selon le cabinet Informa.

«Pendant longtemps on a cru que les télécoms seraient à l'abri, mais comme c'est une crise globale, tous les acteurs vont être touchés», souligne Thomas Husson, analyste au cabinet d'études Forrester.

Toutefois, «le secteur télécoms, par rapport à d'autres secteurs comme l'automobile ou la finance, est quand même mieux protégé, notamment parce que les renouvellements d'appareils et les abonnements mensuels génèrent des revenus récurrents». Et, le secteur est «moins cyclique et moins dépendant de facteurs macro-économiques, comme les coûts de l'énergie», selon M. Husson.

De toute façon, «la téléphonie mobile est devenue un élément du quotidien dont on ne se sépare pas», rappelle-t-il.

La crise n'entame donc pas l'enthousiasme des nouveaux venus, toujours alléchés par ce secteur à fort potentiel de croissance.

Le constructeur informatique Acer présentera ainsi son premier téléphone mobile, un secteur dans lequel Toshiba et Asus veulent renforcer leur présence. Dell est aussi pressenti pour faire ses débuts prochainement.

Les rois de l'informatique et de l'Internet essaieront encore une fois de voler la vedette à leurs confrères des télécoms, que ce soit avec le logiciel Android de Google, qui devrait être présent sur plusieurs modèles de téléphones, ou avec Microsoft et Yahoo!, qui dévoileront les nouvelles versions de leurs plateformes mobiles.

Comme l'an dernier, Apple ne participera pas au congrès mais son populaire iPhone devrait encore inspirer fortement les nouveaux modèles des constructeurs comme Nokia, Sony Ericsson, LG ou HTC, sur le segment dynamique des smartphones.

Tandis que les communications et les téléphones mobiles coûtent de moins en moins cher, la vraie bataille se joue désormais autour des contenus proposés sur ces petits écrans (musique, télévision, Internet, jeux vidéos...), qui sont soit facturés soit financés par la publicité.

Se pose alors l'épineuse question du partage des bénéfices générés entre opérateurs, constructeurs et créateurs de contenus, les tensions entre les différentes parties risquant de s'accentuer en période de crise.