Le salon de l'électronique CES de Las Vegas s'apprêtait à fermé ses portes dimanche soir, après plus de quatre jours d'expositions qui ont permis au secteur d'afficher ses nouveautés dans un climat assombri par la perspective de la récession mondiale.

Deux sociétés sur lesquelles on pouvait compter pour créer l'événement ont tenu leurs promesses, dont Microsoft en lançant la version bêta (expérimentale) de son nouveau système d'exploitation Windows 7, appelé à faire oublier le fiasco de communication que fut Vista il y a deux ans.En dépit d'un lancement perturbé par l'engorgement de serveurs mal préparés à la curiosité de milliers de technophiles, le groupe de Redmond, privé pour la première fois de son fondateur Bill Gates, pouvait se réjouir d'un accueil positif.

Le pionnier des assistants numériques Palm a pour sa part atteint ses objectifs en faisant se pâmer d'enthousiasme de très nombreux commentateurs devant le prochain téléphone multifonctions Pre.

L'accueil réservé au Pre, premier samedi d'un palmarès organisé par le site d'informations spécialisées CNet, a été tel que les investisseurs impressionnés ont fait bondir l'action Palm de 35% le jour de la présentation, anticipant sur la faculté qu'aurait désormais le groupe californien de revenir dans le peloton de tête des équipementiers télécoms.

D'autres fabricants ont présenté des appareils toujours plus petits et toujours plus riches de fonctionnalités, avec une priorité donnée à l'écologie, à l'effacement des frontières entre télévision et internet, à l'avènement du 3D.

Un immense hall consacré aux accessoires de voitures, des simples systèmes audio aux véritables ordinateurs embarqués, sans oublier les caméras fixées sur le pare-choc arrière par mesure de sécurité, a confirmé l'essor de cette catégorie.

Le constructeur Ford, et d'autres fabricants, espèrent anticiper la reprise du marché automobile en perfectionnant des ordinateurs de bord qui finiront par mettre le living room sur quatre roues, PC et télévision compris.

Mais de l'avis de nombreux habitués, cette fête annuelle de l'électronique organisée dans la capitale mondiale du jeu a manqué d'éclat cette année.

Les allées étaient moins encombrées, les fêtes en soirée moins nombreuses, les blogueurs moins chouchoutés... Le secteur escompte qu'il résistera mieux à la récession mondiale que bien d'autres, mais sait qu'il ne sera pas totalement épargné.

«Notre monde, notre pays et notre secteur font face à de très grandes difficultés», a souligné le patron de Microsoft Steve Ballmer en donnant le coup d'envoi du salon. «Nous le ressentons tous, et l'impact va sûrement durer quelque temps. Mais en fin de compte, c'est la puissance des idées et des innovations qui nous fera avancer, quel que soit le climat économique», a-t-il souligné.

Certaines mauvaises nouvelles sont d'ailleurs tombées pendant le salon: le Chinois Lenovo, distingué par Greenpeace pour un écran et un ordinateur de bureau plus «verts» que la moyenne, va licencier 2.500 personnes, le numéro un mondial du stockage de données EMC va supprimer 2.400 postes, Intel a revu une nouvelle fois ses prévisions de chiffre d'affaires à la baisse...

Les organisateurs estiment à plus de 130.000 le nombre de visiteurs du salon, fabricants, distributeurs, analystes etc., ce qui serait à peu près 10.000 de moins que l'an dernier. Le nombre d'exposants est passé de 3.000 à quelque 2.700.

L'an prochain, le CES devrait réserver une section spéciale aux fabricants de produits liés à ceux d'Apple, traditionnellement le grand absent du festival de Vegas.

Une telle évolution pourrait rendre du lustre au CES, et supprimer une raison d'exister au salon MacWorld de San Francisco, un rendez-vous qu'Apple a d'ailleurs décidé d'ignorer à partir de l'an prochain.