Hewlett-Packard, premier fabricant mondial d'odrinateurs personnels, va doubler de taille dans les services informatiques en rachetant l'américain EDS pour près de 14 milliards de dollars, se propulsant au deuxième rang mondial du secteur juste derrière IBM.

HP a annoncé mardi qu'il paierait 13,9 milliards en numéraire, soit 25 dollars par action -- 32% de mieux que le cours vendredi -- pour s'emparer du deuxième groupe mondial de services informatiques, allant du traitement des données à la maintenance des serveurs, aux effectifs de 137 000 personnes.

Grâce à EDS, HP verra son chiffre d'affaires dans les services informatiques passer de 16,6 milliards en 2007 (16% des ventes du groupe) à plus de 38 milliards, soit 30% de ses recettes. Le groupe passera de la 5e à la 2e place mondiale du secteur, et ses effectifs passeront de 172 000 à 310 000 environ.

Le rachat devrait être bouclé d'ici la fin de l'année.

Il s'agit de la plus grosse acquisition réalisée par Hewlett-Packard depuis son rachat de Compaq pour 20 milliards de dollars en 2002, qui a depuis été considérée comme un semi-échec. Le manque de résultats a d'ailleurs conduit au limogeage de l'ancienne PDG du groupe, Carly Fiorina, début 2005.

HP avait déjà essayé de grandir dans les services informatiques en essayant en vain en 2000 de racheter la branche consulting de PricewaterhouseCoopers pour 17 à 18 milliards de dollars. C'est finalement IBM qui l'a rachetée deux ans plus tard, pour seulement 3,5 milliards.

HP a depuis réalisé de plus petites acquisitions, la principale étant la société américaine de services informatiques Mercury Interactive, pour 4,5 milliards de dollars, en 2006.

EDS conservera son nom et son siège de Plano (Texas, sud), l'actuel PDG, Ronald Rittenmeyer, restant aux commandes. Le groupe a dégagé en 2007 un chiffre d'affaires de plus de 22 milliards de dollars, en hausse de 4% sur un an, et prévoit une croissance modeste cette année. Ses marges sont également modestes, avec une marge opérationnelle de 6%.

HP veut profiter de la croissance des services informatiques qui, selon les analystes, devrait atteindre +8% par an pendant les 5 prochaines années. Il veut aussi, comme le fait IBM, miser sur les synergies - en vendant ses ordinateurs aux clients d'EDS.

Selon le cabinet Gartner, en 2007 IBM détenait 7,2% du marché des services informatiques, suivi d'EDS, loin derrière avec 3% et HP était 5e avec 2,3%.

Lors d'une conférence téléphonique, le PDG de HP Mark Hurd a indiqué que cette acquisition permettrait à HP de conquérir des clients dans de nouveaux secteurs, comme les organismes gouvernementaux et l'industrie.

Le PDG d'EDS a souligné pour sa part qu'il continuerait à réduire ses effectifs.

Parallèlement HP a annoncé des résultats en hausse pour le deuxième trimestre de son exercice 2007/08, et relevé ses prévisions annuelles.

Le groupe a enregistré un bénéfice par action de 87 cents hors exceptionnels, contre 84 cents chez les analystes. Il table désormais sur 3,54 à 3,58 dollars par action sur l'exercice annuel (2,93 dollars un an plus tôt), contre 3,52 dollars attendus par le marché.

Les analystes restaient méfiants sur cette méga-acquisition, craignant des difficultés d'intégration et soulignant la faible croissance et rentabilité d'EDS: l'action HP perdait 6,5% à 43,79 dollars mardi vers 16H30 GMT.

«Nous sommes neutres sur ce rachat car les synergies de coûts sont contrebalancés par le fait qu'elle ralentira la croissance de HP, avec des marges plus basses et des risques d'intégration», selon la société de courtage Caris.

«Ce n'est peut-être pas la meilleure transaction stratégiquement parlant que de racheter un très gros actif à faible croissance, mais elle devrait accroître les recettes du groupe à long terme», a renchéri la firme Baird, qui maintient sa recommandation d'achat «quoique avec un peu moins d'enthousiasme».