Marquée par le dévoilement spectaculaire du nouveau iPod à écran tactile et fonction wi-fi, la rentrée automnale laisse prévoir des enchevêtrements majeurs dans l'univers cyberculturel. Qui fera quoi dans un avenir proche? Les rôles sont loin d'être définitivement campés, force est de constater.

Marquée par le dévoilement spectaculaire du nouveau iPod à écran tactile et fonction wi-fi, la rentrée automnale laisse prévoir des enchevêtrements majeurs dans l'univers cyberculturel. Qui fera quoi dans un avenir proche? Les rôles sont loin d'être définitivement campés, force est de constater.

À l'instar du fabricant Apple, qui ne cesse de diversifier ses opérations depuis le début de la décennie, le fournisseur de services internet Google planche sur un téléphone portable à écran tactile. Nokia, une des plus importantes firmes de téléphonie mobile, prévoit mettre en branle une plateforme de vente de musique en ligne… pendant qu'on observe une baisse des achats chez le célébrissime iTunes Music Store et qu'on relate la difficulté de rentabiliser l'encore récent service gratuit de musique en ligne Spiral Frog, dont le modèle d'affaires se fonde sur les revenus publicitaires.

Étourdissant? Mets-en. Voyons voir d'un peu plus près.

Les rumeurs du lancement prochain d'un téléphone mobile par Google se sont multipliées ces dernières semaines. Le tout puissant moteur de recherche consacrerait plusieurs milliards au lancement du GPhone et à l'achat d'une fréquence de réseau mobile. Acquise par Google en 2005, Android, une société spécialisée dans les systèmes d'exploitation pour téléphones portables, aurait eu pour mandat de développer le GPhone.

Il y a quelques jours à peine, Nokia annonçait la mise en fonction son site internet Ovi, qui signifie «la porte» en finnois. Ainsi, Ovi pourra intégrer différents services tels YouTube, Facebook, Myspace, LinkedIn et autres Flickr. Ovi proposera également des jeux vidéo en plus de Nokia Music Store, service de téléchargement payant de musique dont le modèle d'affaires s'inspire d'iTunes. Cette plateforme du groupe scandinave dispose d'ores et déjà du répertoire de Loudeye (1,6 million de titres), une entreprise américaine acquise par Nokia en 2006.

Pourtant… on peut douter sérieusement du potentiel commercial de ce Nokia Music Store. Le chiffre d'affaires mensuel d'iTunes aux États-Unis, relevait l'institut Forrester Research il y a quelques mois, n'aurait-il pas chuté de 65% de janvier à décembre 2006? Toujours selon Forrester, le iPod ne contient-il pas en moyenne 5% de musique consommée légalement sur iTunes? En fait, n'est-il pas évident que Nokia s'est doté d'une plateforme de musique pour vendre plus de téléphones (et non pas plus de musique) tout en maintenant sa clientèle dans son propre environnement commercial, une stratégie de développement comparable à celle d'Apple?

Cité par plusieurs médias spécialisés ces derniers jours, l'analyste James McQuivey (de Forrester Research) prévoit à terme la gratuité pour les portails vidéo et certaines stations de télé. Et paf! Du coup, il prévoit la disparition des sites payants de téléchargement, tels iTunes, Amazon Unbox, Movielink. L'analyste prévoit en ce sens que le marché du téléchargement payant devrait commencer à décroître dès 2008.

Depuis le début de cette année, par exemple, Forrester estime que seulement 9% des adultes américains ont payé pour obtenir des vidéos en ligne, ce qui explique le repli de Google quant à ses initiatives de services payants en matière de téléchargement audiovisuel. L'étude de Forrester prévoit en outre que le marché de la vidéo en ligne atteindrait un sommet 279 millions US en 2007 (comparativement à 98 millions US engrangés en 2006)… avant de décliner.

Devra-t-on alors se rabattre sur le modèle gratuit fondé sur les revenus publicitaires? Le site de musique SpiralFrog opte pour un tel modèle en offrant gratuitement 700 000 titres du répertoire Universal (aux États-Unis et au Canada) mais… le service perdrait actuellement beaucoup d'argent: un peu plus de 4,1 millions de dollars pour les six premiers mois de l'année 2007. Bien sûr, il est trop tôt pour conclure à un échec, il faut néanmoins poser la question: les revenus publicitaires pourront-ils un jour remplacer entièrement ceux provenant de l'achat de disques, DVD, livres, jeux et périodiques?

Pendant qu'on spécule sur l'avenir, les fabricants de téléphone créent des plateformes de consommation en ligne, les moteurs de recherche fabriquent des téléphones portables, les fabricants d'ordinateurs personnels s'investissent dans les baladeurs numériques, cellulaires et plateformes de téléchargement. Les rôles se confondent parce que chaque acteur important du monde numérique veut occuper un maximum d'espace… et les créateurs ne peuvent toujours pas compter sur un vrai système de rémunération de leurs contenus.

Ce n'est pas demain la veille