Un parcours professionnel déjà tracé. Des emplois grassement rémunérés. Mais la furieuse impression de passer à côté de l'essentiel. En voyant la direction que prenait sa vie, Muriel Jaouich a fait un temps d'arrêt pour mieux rebondir. « La méditation m'a aidée à cultiver le lâcher-prise et à déployer mes ailes. »

Un carcan imposé

Médecin, dentiste, avocate, ingénieure ou comptable...Muriel Jaouich, 48 ans, énumère en riant les choix de carrière qui s'offraient à elle au sortir de l'université. « Je suis fille d'immigrants - mon père est Égypto-Libanais et ma mère, Arménienne. Chez nous, l'indépendance financière est érigée au rang de valeur », explique-t-elle. À 22 ans, elle endosse donc la profession de comptable agréé, au grand bonheur de ses parents.

Au fond d'elle, pourtant, Muriel sent son identité se dissoudre. Quand on lui demande ce qu'elle fait, elle esquive la question. Intuitive, sa mère saisit son désarroi et l'incite à démissionner.« Je cherchais un domaine plus créatif. Je me suis dirigée vers le milieu des communications. Mon salaire diminuait, mais je m'en foutais. Je recherchais le bien-être intérieur.»

La « révélation »

Le bien-être intérieur, Muriel ne le trouvera pas de sitôt. Fin vingtaine, elle intègre les rangs d'une entreprise en haute technologie, voyage partout en Europe, puis se pose en Californie. « Je faisais beaucoup d'argent, mais où ça me menait ? » avoue-t-elle. Elle observe, ahurie, sa patronne s'enfiler des whiskys. Des cadres lui avouent ne pas avoir pris de vacances depuis quatre ans. « Faire toujours plus d'argent... J'ai été exposée à l'avidité de façon extrême, raconte Muriel. C'était comme une révélation. »

Dès lors, elle prend conscience de ses limites et adopte une attitude de lâcher-prise. « Je me suis demandé ce que je voulais vraiment. Pour moi, la vie ne se résumait pas à trouver un mari, à fonder une famille et à acheter une maison. Je voulais être libre et en paix », affirme-t-elle. Dans sa quête d'équilibre, elle achète un livre du philosophe indien Krishnamurti, qui prône la connaissance de soi et le dépassement de la peur, pour s'ouvrir à la réalité de « ce qui est ».

Lâcher prise

Une décision s'impose : il lui faut quitter ce job bien payé pour vivre en accord avec ses valeurs. « Travailler pour une compagnie à profit ne me convenait plus, dit Muriel. Je voulais utiliser ma capacité à vulgariser et à communiquer à d'autres fins. » Le plus dur sera de l'annoncer à son père... À 36 ans, après un autre détour professionnel, elle entame une véritable réflexion : « Je me suis levée du lit, je me suis assise sur un coussin et j'ai commencé à méditer, à l'instinct. »

Dans son coeur, tout redevient possible. Elle médite chaque jour un peu, s'inscrit à des cours de peinture. Un mois après ce début de renaissance, elle entame une retraite de méditation à Voie boréale. « J'étais asséchée, illustre-t-elle. Dès que je me suis assise en groupe, j'ai eu l'impression de boire à la fontaine. Je goûtais enfin la plénitude. »

Il y a deux ans, elle a poussé l'expérience plus loin en s'offrant une retraite de six semaines en silence au centre Insight Meditation Society, à Barre, près de Boston. « Du matin au soir, tu alternes les périodes de méditation et de marche, indique-t-elle. La poussière qui obstruait mon cerveau s'est dissipée et j'ai vu les choses telles qu'elles sont. La méditation permet de ressentir son corps, d'accepter l'impermanence des choses et de se sentir libre à chaque moment. »

« Suis ton chemin ! »

Aujourd'hui, entre la méditation qu'elle pratique et enseigne, la peinture et son implication au sein d'organismes sans but lucratif, la création occupe une place de choix. « Je me suis donné le droit d'être bien et la permission d'être libre », soutient Muriel. Récemment, son père lui a offert un précieux cadeau. Il lui a dit : « Ma fille, tu as la vie que j'aurais voulue... Suis ton chemin ! »

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