En panne de lecture pour terminer l’été en beauté ? Des libraires montréalais font part de leurs incontournables, ces chefs-d’œuvre qu’on achève en se sentant inspiré, ébranlé, médusé ou complètement transformé. Ces livres qu’on devrait tous lire au moins une fois dans notre vie.

Recommandation de Jonathan Caquereau Vartabedian - Librairie du Square — Outremont

N’essuie jamais de larmes sans gants, Jonas Gardell

« L’un des premiers livres à retracer toute l’histoire de la naissance du sida. Six homosexuels à Stockholm, dans les années 1980, manifestent pour leurs droits et se font emporter par l’épidémie. On passe les cinquante dernières pages à pleurer, puis on se sent vidé, mais enrichi et instruit. »

L’amant, Marguerite Duras

« C’est la découverte de la sexualité d’une jeune fille française qui vit en Indochine, auprès d’un homme asiatique plus âgé. Ça parle de sensualité, de la relation entre les Français et les peuples d’Asie de l’époque. L’écriture de Duras est un véritable univers, on approche la perfection littéraire. »

Si tout n’a pas péri avec mon innocence, Emmanuelle Bayamack-Tam

« On explore la vie d’une jeune adolescente vivant au sein d’une famille dysfonctionnelle. Mais la force du bouquin, c’est vraiment la maîtrise de la langue. On n’est pas dans le conventionnel; l’auteure s’amuse à briser les tabous dans cette recherche qu’implique le passage à la vie adulte. C’est un livre qu’on a du mal à refermer. Très efficace et intelligent. »

Recommandations de Josianne Létourneau - Librairie du Square — Outremont

Sans capote ni kalachnikov, Blaise Ndala

« Une plume formidable qui ne fait pas dans la dentelle. Dans ce journal, on dépeint la réalité de l’Afrique et la marchandisation de la pauvreté. Ça nous laisse complètement ébranlé, on prend conscience du quotidien des gens de là-bas. Une lecture qui nous met à l’épreuve. »

Trois filles d’Ève, Elif Shafak

Un excellent roman pour découvrir l’œuvre de cette auteure turque. On suit une femme d’Istanbul, de l’enfance à l’âge adulte, à travers ses doutes, sa vie familiale, l’islam et sa rencontre avec deux autres filles. On comprend comment une fille devient femme dans un pays déchiré entre laïcité et religion. »

Recommandation de Catherine Bond - Librairie Fleury— Ahuntsic

La nuit des princes charmants, Michel Tremblay

« Un roman qui fait tellement de bien ! On suit Jean-Marc, alter ego de l’auteur, qui s’en va à l’opéra et décide de perdre sa virginité. C’est une grande épopée montréalaise. Une lecture de pur plaisir, qui nous rappelle ces moments d’adolescence où on se cherche. À lire et à relire. »

Quartier lointain, Jirô Taniguchi

« En visitant son village natal, un homme est projeté dans le passé et se retrouve ado, quelques semaines avant la mort de son père. Un voyage dans le temps qui l’aide à comprendre qui était son père et à remettre en question certaines décisions. Un roman graphique magnifiquement illustré qui plaira aux adultes, jeunes et moins jeunes. »

Les Misérables, Victor Hugo

« Ça se passe de présentation ! Complet, complexe… Lorsque je l’ai terminé, j’ai dû fixer le mur en silence pendant cinq minutes. Qu’allait être ma vie après avoir lu Les Misérables ? Un chef-d’œuvre qu’on aimerait tant pouvoir relire comme on l’a lu la première fois. »

Tobie Lolness, Timothée de Fombelle

« Un récit fantastique qui suit Tobie Lolness, un petit garçon mesurant 1,5 mm et vivant dans un grand chêne. Lorsque ses parents se font arrêter, il s’enfuit de chez lui et son aventure commence. Une fable écologique où tout est bien ficelé. C’est un roman jeunesse qui convient aussi aux adultes. Parfait pour ceux qui cherchent à s’évader. »

Le lion et l’oiseau, Marianne Dubuc

« Alors qu’il travaille dans son jardin, un lion trouve un oiseau blessé. Il prend soin de ce petit être qui viendra changer son quotidien. On suit le passage des saisons. Un album jeunesse contemplatif, un plaisir dont aucun adulte ne devrait se priver. Peu de texte, certaines pages étant complètement blanches. C’est un temps d’arrêt qu’on s’offre. »

Recommandation de Keven Girard - Librairie Raffin — Plaza Saint-Hubert

Nous étions les Mulvaney, Joyce Carol Oates

« L’intrigue se déroule dans l’État de New York, en 1976, autour d’une famille de fermiers. Une jeune fille est victime de viol et on suit l’impact de l’événement sur le reste du clan à une époque où c’était mal vu de dénoncer. Un roman d’une grande profondeur, dont on sort chamboulé et en se questionnant sur la société. »

Red Light, Tome 1 : Adieu, mignonne, Marie-Ève Bourassa

« Un roman policier dont l’histoire se déroule à Montréal dans les années 1920. Eugène Duchamp, ancien soldat devenu infirme, s’improvise détective privé. Il est approché par une prostituée qui s’est fait enlever son bébé. L’auteure dépeint l’époque avec justesse, on sent des recherches colossales. On dévore les trois tomes et ce n’est pas assez ! »

L’océan au bout du chemin, Neil Gaiman

« Un homme adulte entre dans une des maisons de son enfance (dont il n’a mystérieusement aucun souvenir), où il s’était lié d’amitié avec une jeune fille issue d’une famille de sorcières. Une réflexion sur les peurs, l’amitié, le deuil. Une lecture nostalgique, qui donne le goût de retourner explorer la contrée de l’enfance, remplie de cette magie qu’on perd à travers le train- train quotidien. »

Le Grand Livre, Connie Willis

« Des historiens du futur envoient l’une des leurs dans le passé pour documenter la période de la peste noire, dans un village du Moyen Âge. Cependant, elle arrive au mauvais moment et tente par tous les moyens de retrouver son époque. On réalise que ceux dont on parle dans les livres d’histoire sont de vraies personnes, qui ont réellement souffert. On s’attache à l’héroïne, on veut savoir comment ça se termine ! »

L’échiquier du mal, Dan Simmons

« En 1942, un jeune prisonnier des camps nazis découvre l’existence de vampires psychiques qui se servent d’humains pour jouer une immense partie d’échecs. On le suit dans les années 1980, à New York, où il essaie de retrouver ces monstres qui évoluent dans les hautes sphères de la société. Ça amène toute une réflexion sur notre société de consommation et sur le fait que le mal d’aujourd’hui est toujours là, insidieux. »