Une mise à pied, une maladie ou un désir profond de faire autre chose peuvent s'avérer d'excellents déclencheurs pour gagner sa vie autrement. Voici trois histoires inspirantes de changement de rythme au cours d'une carrière.

Gabrielle Dion était une avocate appréciée à Rimouski. Malgré un super plan de carrière, la jeune femme a tout abandonné pour devenir boulangère.

Après deux ans de pratique, Me Dion aurait dû être comblée. Elle travaillait dans de beaux bureaux, au sein d'une firme qui exerçait depuis 110 ans. Ses collègues étaient fabuleux et certains étaient devenus ses amis. Sa carrière allait bon train. « Pourtant, plus j'avançais, plus j'avais le vertige », explique-t-elle.

Gabrielle Dion était spécialisée en litige. Aussi bien dire qu'elle allait passer sa vie au centre des chicanes des autres. « Mon coeur savait que je n'étais pas à la bonne place », avoue-t-elle. Parallèlement, l'avocate souffrait depuis longtemps de migraines. Ces épisodes étaient devenus si fréquents, et la douleur si puissante, qu'il lui arrivait de vomir entre deux rencontres ou de rester alitée pendant 36 heures d'affilée.

« J'ai dû me mettre en arrêt de travail, suivre un régime anti-inflammatoire et entreprendre une thérapie avant d'accepter l'inévitable : je n'allais pas passer le reste de mes jours dans mes souliers d'avocate », dit-elle.

« J'ai fait face à un deuil immense. Il m'a fallu m'outiller pour combattre la peur de décevoir. Le plus déchirant, ce fut de quitter mes collègues et ma profession. Et de voir une autre avocate formidable prendre ma place au sein de l'équipe. » -  Gabrielle Dion

Se rendre utile

En congé, l'avocate s'est intéressée aux bienfaits des produits sans allergènes. Elle a commencé à cuisiner autrement, pour elle-même d'abord, puis à photographier le résultat de ses petits plats avec l'idée d'alimenter un blogue culinaire. Avec le temps, elle a réalisé qu'il était difficile de s'approvisionner en produits sans allergènes dans sa région et que ses recettes pouvaient venir combler un besoin. C'est là qu'est née la boulangerie Citron confit.

« L'idée d'ouvrir une boulangerie spécialisée dans un village comme Le Bic relevait de la pure folie, admet Gabrielle. Sauf que mon chum et moi, on avait choisi un autre rythme de vie. Il me fallait donc user de stratégie pour demeurer dans "mon" Bas-du-Fleuve, au sein d'une localité de 3000 habitants, tout en vendant du pain sans allergènes. J'ai alors lancé ma boutique en ligne : j'achemine du pain frais directement aux portes des gens, partout au Québec. J'ai modulé mon entreprise pour qu'elle cadre avec des choix de vie fondamentaux. »

Visitez la boutique en ligne de Gabrielle

Garder le cap

Pour démarrer son entreprise, l'avocate a rencontré les représentants des organismes de soutien financier - et certains futurs partenaires d'affaires - avec un bébé au sein : « Outre l'aspect légal, tout ce que je touchais m'était inconnu. Et parfois stressant. Mais ce changement de vie m'a enseigné quelque chose d'important : quand on garde le cap sur nos priorités, les choses se placent. »

Gabrielle partage sa vie avec son conjoint - déjà papa d'Anaé, 8 ans - et leur fils Noam, 3 ans. Donc, pas question de sacrifier la famille au profit de l'entreprise : « Nous prenons des vacances, c'est incontournable. Si nos enfants sont malades, l'un de nous reste auprès d'eux et travaille de la maison. Si c'est moins efficace, tant pis, car c'est primordial. Notre but n'est pas de devenir riches, mais de subvenir à nos besoins et de travailler à notre rythme en faisant une différence dans la vie de notre communauté... et, pourquoi pas, dans le Québec en entier! »