C'est fou comment, d'un sport à l'autre, on ne se prépare pas de la même manière pour les Jeux olympiques.

Pas plus tard que dimanche, à Lake Placid, les skieurs acrobatiques canadiens luttaient encore en Coupe du monde pour une place au sein de l'équipe olympique, tandis qu'à Stoneham, Snowboard Canada distribuait ses ultimes laissez-passer pour Vancouver.

Tout un contraste avec les patineurs de vitesse courte piste. Les olympiens ont été sélectionnés dès le mois d'août et leur dernière compétition officielle, la Coupe du monde de Marquette, au Michigan, a eu lieu il y a deux mois et demi. Une éternité. Pas étonnant que les patineurs aient hâte de partir pour Vancouver.

«Ça nous démange pas mal, a reconnu le sprinter François-Louis Tremblay, vétéran des Jeux de Salt Lake City et de Turin, hier, à l'aréna Maurice-Richard. Il n'y a jamais eu de si longue pause entre les Coupes du monde et les Jeux olympiques. On s'est pratiquement retrouvés en phase d'entraînement d'été tellement ça a été long, un entraînement très difficile dont on ne voit pas la fin. C'est comme une deuxième saison qui commence. Je n'ai plus le goût de retourner à mon appartement, je veux aller à Vancouver!»

La doyenne de l'équipe, Tania Vicent, n'est pas trop préoccupée par ce long hiatus. Au contraire. «Si on avait passé les derniers mois dans nos valises, on n'aurait pas la même drive. Là, tout le monde est prêt», a-t-elle dit lors de la dernière rencontre médiatique de l'équipe de patinage avant leur départ pour un ultime camp d'entraînement, à Calgary.

Question de ne pas arriver aux Jeux trop rouillés, les 10 patineurs de l'équipe - cinq garçons et cinq filles - ont participé à une compétition amicale à l'aréna Maurice-Richard, il y a une dizaine de jours, qui les a notamment opposés à des adversaires belges, lituaniens, néo-zélandais et coréens.

«Ça a été très bon, car ça nous a permis de retrouver de bonnes sensations, de travailler sur nos dépassements et d'avoir confiance dans le peloton, sans courir de risque comme lors d'une Coupe du monde», a fait valoir Olivier Jean, qui participera au 500 m, au 1500 m et au relais à Vancouver.

Jean a connu un automne difficile, après avoir brillé aux sélections olympiques, l'été dernier. Ses disqualifications sur 1000 m aux Coupes du monde de Montréal et de Marquette ont privé le Canada du privilège d'envoyer un troisième patineur aux Jeux sur la distance. Il en a payé le prix: ce sont Charles et François Hamelin qui disputeront le 1000 m à Vancouver, a décidé le comité de haute performance de Patinage de vitesse Canada (PVC).

Une décision que Jean ne conteste pas. «Je n'aurais pas voulu qu'un de mes coéquipiers soit exclu à cause de moi. Je prends la responsabilité de mes erreurs, même si j'avais gagné le 1000 m aux sélections olympiques», a-t-il dit.

Les attentes sont élevées envers les patineurs canadiens. Charles Hamelin est deuxième au classement mondial toutes distances. François-Louis Tremblay est deuxième au monde sur 500 m, une distance sur laquelle Kalyna Roberge, Marianne Saint-Gelais et Jessica Gregg ont toutes déjà gagné des médailles en Coupe du monde. Et les deux relais ont des aspirations plus que légitimes au podium.

L'objectif de remporter six médailles, deux de plus qu'à Turin en 2006, est réalisable, selon Yves Hamelin, directeur du programme courte piste de PVC. «On est capable de le faire en équipe, car il n'y a pas de pression individuelle. Ça allège le fardeau pas mal», a-t-il dit.

À Vancouver, Yves Hamelin portera deux chapeaux: il sera à la fois chef d'équipe et, si tout va bien, père d'un ou deux médaillés. «Mais le père ne va à peu près pas aux Jeux, dit-il en souriant. Je vais être chef d'équipe à temps plein. Dans le village et sur le lieu de compétition, je dois être à 100% dans mon rôle de chef d'équipe. Évidemment, si un des mes gars me sollicite, ma porte sera ouverte.»

- Et si l'un d'eux gagne une médaille?

- Ça se pourrait que j'en verse une petite.

- Une bière ou une larme?

- Les deux, mais la bière va être plus grosse!