Redevenue N.1 mondiale mais toujours en quête de légitimité, Dinara Safina veut se servir du Masters comme tribune pour répondre aux critiques à partir de mardi à Doha.

Depuis qu'elle a accédé une première fois au sommet le 20 avril, la Russe de 23 ans est l'objet d'interrogations dans le petit monde du tennis. «Safina N.1 mondiale? Ridicule, elle n'a encore jamais gagné un tournoi du Grand Chelem», s'enflamment ses détracteurs.

La question a perdu un peu de sa substance lorsque Safina a perdu sa place au profit de Serena Williams il y a deux semaines. Or voilà que, par un heureux miracle arithmétique, le débat repart de plus belle, juste à temps pour le grand bal de fin d'année, puisque Safina a retrouvé le sommet lundi.

«Je me moque de ce qu'on peut dire», a réagi, de voix lasse, une Safina qui n'en peut visiblement plus de ce sujet récurrent. «J'ai disputé trois finales et deux demi-finales de Grand Chelem et ça, personne ne peut me l'enlever. L'année dernière je n'arrêtais pas de gagner et tout le monde me demandait pourquoi je n'étais pas N.1. Cette année je le suis et on me parle des Grands Chelems. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas.»

Confrontées au sujet, les compatriotes de Safina, Svetlana Kuznetsova et Elena Dementieva, également qualifiées pour le Masters, ont volé à son secours. «Elle le mérite», a assuré la première. «Elle n'est pas la première à être N.1 mondiale sans avoir gagné de Grand Chelem», a appuyé la deuxième.

Dans un passé récent, il y a notamment eu Amélie Mauresmo, N.1 mondiale sans Grand Chelem en 2004 et 2005. Un exemple qui n'est pas sans interpeller Safina. Car si la Française a fini par remporter deux tournois majeurs en 2006, elle le devait de son propre aveu à une victoire fondatrice, au Masters en 2005.

Les soeurs Williams sur tous les fronts

Safina signerait des deux mains pour reproduire le scénario. A défaut de Grand Chelem, une victoire dans le cinquième tournoi majeur lui permettrait de clouer un peu le bec aux critiques et, peut-être, de débloquer, comme Mauresmo à l'époque, un caractère émotif qui l'a fait systématiquement flancher dans les moments importants jusque-là.

A Doha, Safina figure dans le «groupe blanc» avec la Danoise Caroline Wozniacki, la Serbe Jelena Jankovic et la Bélarusse Victoria Azarenka. Une poule à sa mesure pour atteindre les demi-finales où elle croiserait l'une des soeurs Williams où l'une de ses compatriotes, Kuznetsova et Dementieva.

Serena Williams, qui a certainement trouvé les deux semaines à la place de N.1 très courtes, aura envie de retrouver le sommet.

Une marge infime la sépare de Safina: 155 points, sachant que chaque victoire en poules en rapporte 160. Leur mano a mano animera la semaine à Doha où l'autre Williams, Venus, défendra son titre en même temps qu'elle disputera le double avec sa soeur.

Ce sont les trois favorites d'un tournoi qui, depuis 1997, a toujours couronné une ancienne N.1 mondiale. Un détail qui n'aura pas échappé à Jelena Jankovic qui est, avec les soeurs Williams et Safina, la quatrième joueuse présente à Doha à avoir occupé un jour la première place.