Une fois tous les quatre ans, les calendriers de l’ATP et de la WTA sont bousculés par la présentation des Jeux olympiques. Et cette année, le tournoi le plus pénalisé par cette parenthèse olympique est l’Omnium Banque Nationale.

Du samedi 27 juillet au dimanche 4 août, les meilleurs joueurs de tennis au monde glisseront sur le sable rouge de Roland-Garros pour tenter d’offrir une médaille olympique à leur pays.

Puis, dès le mardi 6 août, les athlètes devront déjà être dans la métropole québécoise pour amorcer leur parcours dans le tableau principal de l’Omnium Banque Nationale. Un délai extrêmement court ayant bouleversé quelque peu la routine des organisateurs de l’évènement, reconnaît Valérie Tétreault, directrice du tournoi.

« Ce n’est pas la première fois qu’on se retrouve dans un scénario comme celui-là, mais je ne peux pas nier que c’est loin d’être idéal, ce qu’on vit cette année. »

Si certains craignent l’absence des meilleurs joueurs au monde en raison de la proximité des deux tournois et du repos physique et mental parfois nécessaire après avoir participé à la plus grande réunion sportive au monde, Tétreault s’inquiète davantage du changement de surface imposé aux joueurs.

L’ancienne 112e raquette mondiale souligne que l’enchaînement des différents terrains pourrait décourager certains joueurs de venir passer une semaine dans la ville natale de Mylène Farmer.

En l’espace d’un mois, ils devront se frotter à la pelouse de Wimbledon, à la terre battue de Roland-Garros et au ciment de Montréal. « Je pense qu’on n’a pas besoin d’un joueur professionnel pour comprendre que ce n’est pas simple et que ça joue un peu contre nous », précise Tétreault.

Prendre les moyens

Motivés par l’ambition de convaincre les joueurs de venir disputer le Masters 1000 montréalais, les organisateurs du tournoi ont obtenu une dérogation de l’ATP pour décaler le calendrier habituel d’une journée. Le tableau principal se mettra donc en branle le mardi et la finale se tiendra le lundi soir. Un scénario loin d’être idéal, reconnaît Tétreault, mais le meilleur qu’elle a pu trouver dans les circonstances.

« Le message qu’on envoyait aux joueurs, c’est que clairement, on a fait tout ce qu’on pouvait pour essayer de les aider et pour faciliter leur participation au tournoi de Montréal. »

Heureusement pour les organisateurs, la présence de l’Omnium Banque Nationale parmi le groupe des Masters 1000 rend la participation des joueurs obligatoire, sous peine de perdre de précieux points au classement. Reste que concrètement, certains joueurs préféreront perdre quelques pouces au classement plutôt que de risquer de se blesser par surcharge.

La possibilité que les médaillés veuillent se reposer existe également. Et les chances que des joueurs comme Carlos Alcaraz, Novak Djokovic ou Jannik Sinner remportent une médaille à Paris sont assez importantes. Or, l’absence potentielle de joueurs de cette trempe au tournoi montréalais créerait certainement un vide considérable dans le tableau principal. Une éventualité dont Tétreault est bien consciente.

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Carlos Alcaraz et Jannik Sinner

« Justement, dans les prochaines semaines, c’est clair que je vais commencer à entrer en communication un peu plus étroitement avec les différentes équipes pour connaître les intentions de chacun. Mais c’est quelque chose qu’on va devoir regarder de très près considérant les résultats à Wimbledon et en fonction des résultats aux Jeux olympiques. On va devoir s’ajuster en conséquence. »

Bilan canadien

Maintenant, ce qui peut sauver la mise, croit-elle, est le succès et le rythme avec lequel pourraient arriver les joueurs canadiens.

« C’est là où c’est intéressant d’avoir des joueurs canadiens qui sont un petit peu plus au sommet de leur forme et qui peuvent performer, parce que pour eux, ça demeure ultra important de jouer à la maison. On n’est pas trop inquiets pour les joueurs canadiens. »

Toutefois, les joueurs locaux vivent un début de saison assez modeste.

À ses cinq derniers tournois, Félix Auger-Aliassime n’a jamais disputé plus de deux matchs. Il a notamment baissé pavillon devant Andrey Rublev à Rotterdam, Carlos Alcaraz à Indian Wells et Alexander Zverev à Miami.

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Félix Auger-Aliassime

Denis Shapovalov a glissé jusqu’au 126e rang après un début de saison compliqué, marqué tout de même par quelques bons flashs, comme sa plus récente victoire face à Stéfanos Tsitsipás.

De retour au jeu, Milos Raonic s’en tire plutôt bien. Il a remporté trois de ses six matchs, mais ses trois défaites se sont soldées sur abandon, car il est toujours incommodé par différentes blessures.

Ce n’est pas nouveau de cette année pour les joueurs canadiens, on sait que 2023 a été une année un peu plus compliquée. J’avais bon espoir qu’en 2024, il y aurait des choses qui débloqueraient pour quelques-uns de nos joueurs.

Valérie Tétreault, directrice de l’Omnium Banque Nationale

Elle demeure toutefois optimiste : « Je continue de croire que nos meilleurs athlètes ont le niveau pour retrouver leur place parmi l’élite. Mais c’est sûr que c’est quelque chose qu’on suit de près, parce que c’est un peu ce qu’on a remarqué dans les dernières années : le fait qu’avec la montée du tennis canadien, on observe une montée de l’intérêt pour le tennis. »

Avec l’absence possible de joueurs clés, la mauvaise saison des joueurs canadiens, une finale disputée un lundi soir et le risque constant d’une météo capricieuse, Tétreault devra conserver des forces pour faire face au vent qui soufflera à l’approche du mois d’août. La directrice du tournoi a hâte de retrouver une certaine normalité, confirme-t-elle d’un rire marqué.

« Je comprends pourquoi Eugène [Lapierre] a pris sa retraite, mais blague à part, ce n’est pas pour tout de suite en raison de tous les changements prévus en 2025. »

En effet, le nombre de joueurs passera de 56 à 96 et la durée du tournoi passera de 7 à 12 jours.

« Alors on verra, on vise plus 2026 pour un retour à la normale ! »