Pour Valérie Tétreault, c’était le début de ses vacances des Fêtes. « Je m’en venais tranquillement. Quand j’ai vu ma tante, ma mère, mes sœurs, j’ai commencé à me douter qu’il se passait quelque chose d’un petit peu plus gros. »

La surprise a été réussie. Tétreault savait qu’elle se rendait au Club de tennis de L’Île-des-Sœurs pour parler de son parcours et de sa carrière avec de jeunes joueurs. Puis qu’elle allait frapper quelques balles avec ceux-ci, d’où son attirail sportif.

Mais elle ne se doutait pas que son nom était maintenant inscrit à l’extérieur des deux côtés de la surface de jeu, au même endroit où l’on voit « Montréal » sur les terrains de l’Omnium Banque Nationale.

« C’est vraiment une dose d’amour que j’ai reçue cet après-midi », dit-elle, quelques minutes après le dévoilement des inscriptions.

« Pour moi, ça veut dire qu’on ne m’a pas oubliée. Que les gens se souviennent de mon passage, des heures d’entraînement que j’ai passées sur le terrain, ici. Ça me fait vraiment chaud au cœur. »

« Un bon chemin ensemble »

Valérie Tétreault a commencé à jouer au tennis à l’âge de 8 ans. Issue d’un milieu modeste, habitant à Saint-Jean-sur-Richelieu, elle se levait à 4 h du matin pour aller s’entraîner au Club de tennis de L’Île-des-Sœurs, encouragée par sa tante Sylvie, sa première entraîneuse.

Ces longues heures passées à user le terrain numéro 9 lui ont finalement permis de pointer au 112rang mondial dans le circuit professionnel. D’atteindre le tableau principal des Internationaux des États-Unis, en 2009. Puis d’affronter la grande Kim Clijsters, aux Internationaux d’Australie de 2010.

« On a vécu un bon chemin ensemble », se rappelle Jack Cinciripini, son coach à la fin des années 2000. L’entraîneur travaille encore à ce jour au Club de tennis de L’Île-des-Sœurs.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Jack Cinciripini

C’est lui qui lui a « redonné le goût de jouer au tennis », a raconté Tétreault au collègue Michel Marois, en 2009.

« On a beaucoup de bons souvenirs, dit Cinciripini en ce mardi froid de décembre. Elle le mérite, je suis content pour elle. Et pas juste pour ce qu’elle a fait sur le terrain. »

Valérie Tétreault a pris sa retraite sportive en 2010, à l’âge de 22 ans. Eugène Lapierre, alors directeur du tournoi que l’on a longtemps appelé la Coupe Rogers, l’a rapidement prise sous son aile. Tétreault est devenue la directrice des communications du tournoi en 2011. Jusqu’à succéder à Eugène Lapierre à la tête de l’Omnium Banque Nationale, l’été dernier. Elle a aussi œuvré en tant qu’analyste chez TVA Sports au cours de la dernière décennie.

« Ils reconnaissent non seulement la qualité de sa carrière, du fait qu’elle soit venue ici, explique Lapierre à La Presse. Mais aussi de son après-carrière. Ça vient avec la fierté qu’a le club d’avoir encouragé une jeune fille qui a fait sa carrière, et qui va maintenant influencer le tennis pendant des années. »

« Viens inspirer ! »

Déjà, à l’annonce de la retraite de Valérie Tétreault il y a 13 ans, une bannière avait été installée dans les hauteurs du terrain. Aujourd’hui, les mots qui représentent les valeurs de la joueuse de tennis – « progression, respect, humilité, détermination », pour ne nommer que ceux-là – sont inscrits sur le mur.

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La bannière installée au Club de tennis de L’Île-des-Sœurs

Lorsque son entraîneuse Christine Pichet lui cède la parole au début de la cérémonie, elle lui tend le micro en lançant : « Viens inspirer ! »

Parce que c’était ça, l’objectif de l’évènement. Après l’avoir entendue raconter son parcours, des jeunes lui ont posé des questions, auxquelles elle a répondu avec la générosité et le charisme qu’on lui connaît.

« J’ai l’impression que lorsque je replonge dans ces souvenirs-là maintenant, je n’ai pas toujours la même analyse que je m’en faisais alors », souligne-t-elle devant les médias, après coup.

J’ai l’impression que j’étais jeune pour vivre bien des affaires !

Valérie Tétreault

Elle fait référence aux tournois ITF qui la faisaient voyager à travers le monde à l’adolescence et au début de l’âge adulte, autant chez les juniors que chez les professionnels.

Ce qui la rend la plus fière, c’est « d’être allée au bout de [son] rêve », dit Tétreault.

« Je n’étais vraiment pas la joueuse avec le plus grand talent, mais je croyais au travail. Qu’à force de persévérance et de détermination, on était capable d’arriver à ses fins. Et pour moi, ça a un peu été la maxime de ma carrière.

« Si on pense que ça peut inspirer les jeunes, honnêtement, tant mieux. Ça me fait dire que j’ai peut-être réussi un petit quelque chose dans la vie. »