Quand Michael Downey a été nommé directeur général de Tennis Canada au milieu des années 2000, il a commencé à guider un groupe qui a mis la barre très haute pour le programme.

Alors que le Canada n’était qu’un petit poisson dans l’énorme bassin que représente le tennis international, la fédération s’était donnée comme objectif de développer des joueurs qui allaient gagner des titres majeurs en simple autant chez les hommes que les femmes, et qui allaient capturer les titres des deux tournois par équipe.

Trois sur quatre, ce n’est pas mal.

Lisez l’article de Katherine Harvey-Pinard « Un triomphe qui en dit long »

L’équipe canadienne féminine a ajouté un trophée à la collection de la fédération ce week-end, gagnant la Coupe Billie Jean King pour une première fois. Cette victoire survient moins d’un an après que les hommes eurent remporté la Coupe Davis, et quatre ans après la victoire de Bianca Andreescu aux Internationaux des États-Unis.

« Dans un cycle de 15 ans, nous avons atteint trois objectifs sur quatre et les athlètes canadiens sont capables d’encore plus, a dit Downey, lundi. Ce ne sont pas des victoires qui sont le fruit du hasard et c’est ce qui rend ça spécial. »

La semaine dernière en Espagne, Leylah Fernandez a été le roc de l’équipe canadienne qui a balayé son parcours jusqu’en éliminatoires, avant de battre l’Italie 2-0 en finale.

Marina Stakusic a causé des surprises avec des victoires en simple, tandis que Gabriela Dabrowski a servi de pierre d’assise en double. Eugenie Bouchard et Rebecca Marino complétaient l’équipe de la capitaine Heidi el Tabakh.

« Je pense que c’est un effort d’équipe phénoménal, a dit Downey. Les filles ont développé des liens forts. Rebecca savait que Marina était prête à jouer. Gabriela pouvait jouer avec Eugenie pour sauver Leylah, mais Leylah a livré la marchandise.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Michael Downey

« Je pense qu’elles ont redéfini ce qui fait une bonne équipe et qu’elles auront encore du succès. »

Fernandez, qui occupe le 36e rang mondial, a gagné chacun de ses cinq matchs, tandis que Stakusic, 261e, a joué avec l’aplomb d’une joueuse d’expérience à quelques semaines de son 19e anniversaire de naissance.

« Je crois que ç’a aidé, qu’elle a surpris ses rivales, a dit Downey, qui prendra sa retraite le mois prochain. Les joueuses ne savaient pas à quoi s’attendre de Marina et elle a joué du tennis spectaculaire. »

Stakusic a battu trois joueuses au sein du top 100 mondial, dont Martina Trevisan, 42e, en finale. Ses performances ont enlevé de la pression des épaules des joueuses de double lors de la phase de groupes.

En l’absence d’Andreescu, blessée au dos, Bouchard et Marino étaient les favorites pour épauler Fernandez en simple. Cependant, el Tabakh a opté pour Stakusic, qui a eu du succès sur le circuit de l’ITF, mais qui n’a jamais joué un match de tableau principal au sein de la WTA.

« Je crois que l’on peut dire qu’une championne est née cette semaine, a affirmé el Tabakh aux journalistes en Espagne. Elle a dépassé les attentes de tout le monde. »

Le Canada a fait ses débuts au tournoi autrefois appelé la Fed Cup en 1963. Son meilleur résultat précédent était une participation aux demi-finales en 1988.

Marino se souvient de sa première participation en 2011, quand le Canada avait perdu contre la Serbie et avait été relégué à la zone des Amériques.

« De cette défaite au titre mondial, c’est un revirement de situation spectaculaire en l’espace de 12 ans, a dit Marino en conférence de presse après la victoire. Je suis fière des femmes ici à côté de moi. Elles ont travaillé fort pour que nous nous rendions jusqu’ici. »

La décision de Tennis Canada il y a deux décennies de créer un centre national de tennis pour amener des entraîneurs de haut niveau et développer des filières régionales en aura valu la peine.

Bouchard a atteint la finale à Wimbledon en 2014 et Milos Raonic l’a imitée deux ans plus tard chez les hommes. La génération suivante les regardait de près.

Andreescu et Fernandez – finaliste à New York en 2021 – ont ensuite émergé chez les dames. Et du côté masculin, Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime sont devenus des étoiles sur le circuit de l’ATP et ont guidé l’équipe canadienne vers la victoire à la Coupe Davis l’automne dernier.

« Il est difficile de prédire quand vous obtiendrez du succès, mais je crois sincèrement que ça devient contagieux », a conclu Downey.