Mission complétée, histoire écrite : le Canada est champion de la Coupe Billie Jean King (ex-Fed Cup) pour la première fois dans les 60 ans d’histoire du tournoi en vertu d’une victoire de 2-0 contre l’Italie en finale, dimanche à Séville, en Espagne.

Les Canadiennes auraient difficilement pu faire mieux. Marina Stakusic a d’abord vaincu Martina Trevisan en deux manches de 7-5 et 6-3. Quelques heures plus tard, Leylah Annie Fernandez faisait la même chose contre Jasmine Paolini, en deux manches de 6-2 et 6-3. Le match en double n’a donc pas été nécessaire.

Fernandez, Stakusic, Gabriela Dabrowski, Eugenie Bouchard et Rebecca Marino sont donc devenues championnes du monde sous le regard de Billie Jean King.

Après avoir réussi l’ultime point, Fernandez a lancé sa raquette dans les airs avant d’être rejointe par ses coéquipières et toute son équipe. « Canada ! Canada ! Canada ! », ont-ils scandé en dansant. Chaque joueuse s’est ensuite enroulée dans un drapeau canadien.

PHOTO MANU FERNANDEZ, ASSOCIATED PRESS

Leylah Annie Fernandez

« C’est incroyable, je suis extrêmement fière d’avoir pu représenter le Canada sur la plus grande scène, a dit Fernandez au micro du tournoi. De le faire devant Billie Jean, ça représente le monde pour moi, pour nous. Nous allons célébrer ce soir et avoir du plaisir ! »

« Je ne sais même pas quoi dire, a pour sa part laissé entendre la capitaine Heidi El Tabakh. Je suis juste tellement fière de cette équipe. Ces filles sont incroyables. C’est un rêve devenu réalité. C’est surréel, je suis tellement heureuse pour tout le monde ! »

Formidable Fernandez

Le Canada doit cette coupe en grande partie à Leylah Annie Fernandez, qui a joué de façon impeccable tout au long du tournoi. Samedi, elle avait battu en demi-finale la 7raquette mondiale, Marketa Vondrousova, puis avait fait équipe avec Gabriela Dabrowski pour vaincre Kateřina Siniaková et Barbora Krejčíková, un duo sept fois champion en Grand Chelem.

Dimanche, Fernandez semblait beaucoup moins nerveuse que Paolini en début de match, ce qui lui a peut-être permis de rapidement s’octroyer l’initiative avec un bris au premier jeu.

En confiance et autoritaire, la Lavalloise avait solution à tout. Elle excellait tant avec ses coups croisés qu’avec ceux en parallèle. En première manche, on l’a vue mettre de la pression au filet et faire preuve d’une belle patience lorsque nécessaire.

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Leylah Annie Fernandez

Au deuxième set, Paolini a souvent semblé ébranlée, voire un peu découragée. Fernandez, elle, n’a jamais été déstabilisée dans ce match, et ce, même si ses premières balles ont souvent fait défaut. Elle a d’ailleurs remporté 58 % de ses deuxièmes balles.

Fernandez a maintenant eu le dessus dans la totalité de ses huit matchs avec le Canada en 2023 ; un fait digne de mention pour celle qui a connu des moments difficiles en début de saison. Elle montre présentement le niveau de jeu qui lui avait permis de se rendre jusqu’en finale des Internationaux des États-Unis il y a deux ans.

Surprenante Stakusic

Fernandez n’est pas la seule à avoir été brillante sur le court espagnol ; Marina Stakusic l’a été tout autant, notamment pour vaincre Martina Trevisan dimanche.

Stakusic, la belle découverte de la semaine dans le clan canadien, a été impeccable défensivement, explosive, rapide et endurante. Elle était partout. Si elle était nerveuse d’être la première à fouler le terrain dans cette finale, ça n’a pas paru le moins du monde.

PHOTO CRISTINA QUICLER, AGENCE FRANCE-PRESSE

Marina Stakusic

Dans une première manche qui pourrait être découpée aux ciseaux en trois parties, la jeune athlète de 18 ans a démontré une concentration impressionnante. Après avoir mené 4-1, elle a vu l’Italienne revenir de l’arrière pour prendre les devants 5-4. Stakusic, patiente, a répondu en menant, lentement mais sûrement, son adversaire vers les fautes directes. Elle ne forçait aucun jeu.

En deuxième manche, elle a dû travailler fort pour mettre fin au duel ; à 5-2, elle a raté quatre balles de match avant de perdre le point. Au service par la suite, elle a finalement mis le dernier clou dans le cercueil de Trevisan.

Stakusic, 258e mondiale au moment d’arriver à la Coupe Billie Jean King, a de quoi être fière des performances qu’elle a livrées tout au long du tournoi. Celles-ci l’ont mise à l’avant-plan.

« Je suis juste tellement heureuse et honorée d’avoir pu jouer cette semaine, a-t-elle dit après sa victoire. Ç’a été, honnêtement, la plus belle expérience de ma vie. Je ne m’attendais pas à ça en arrivant ici cette semaine, mais je suis tellement contente du résultat. »

Ce titre fait en sorte que le Canada est désormais au sommet de l’échiquier mondial autant chez les femmes que chez les hommes. Les Canadiens défendront leur Coupe Davis remportée en 2022 dans un peu plus d’une semaine.