Il y a bien pire endroit où travailler.

Le bureau n’est pas vaste, et pas exactement en ordre, il est vrai. Devant la table encombrée, deux petits fauteuils sur lesquels il faut s’asseoir de biais pour discuter. Par terre, dans le coin de la pièce, des sacs de raquettes de tennis. Au fond d’une étagère, des grignotines plus ou moins bien dissimulées – et plus ou moins santé.

Qu’à cela ne tienne, les immenses fenêtres vitrées donnant sur le parc Jarry font rapidement oublier l’état du ménage en ce chaud début d’automne.

Sur les murs blancs baignés de lumière, ne cherchez pas les diplômes : il n’y en a pas. En entrevue, Valérie Tétreault, directrice de l’Omnium Banque Nationale, rappelle doucement qu’elle n’a « pas d’études postsecondaires ».

Il est difficile de ne pas s’en étonner. À 35 ans, elle achève sa première année à la tête de l’un des évènements sportifs internationaux les plus prestigieux au pays. Charismatique, elle parle avec confiance et aplomb des dossiers sur son radar, révélant une connaissance fine de la fédération qui l’emploie.

Or, ce que les gestionnaires de son âge dans le monde du sport ont appris dans les grandes écoles, elle l’a plutôt acquis « sur le terrain ».

Après avoir terminé son secondaire, elle est entrée à temps plein sur le circuit de la WTA « en ayant comme plan de match de retourner aux études » après sa carrière sur le court. C’est aussi ce qu’elle avait en tête lorsqu’elle a tiré sa révérence à seulement 22 ans.

Je ne me voyais pas retourner à l’université à 35 ans. Mon plan initial, c’était de coacher un peu ‟on the side” pendant que je ferais des études en communications.

Valérie Tétreault

Absolument rien de cela n’est arrivé. Deux mois après sa retraite, un poste a été affiché au service des communications de Tennis Canada. Elle a posé sa candidature et a été embauchée. Presque au même moment, elle devenait analyste à TVA Sports. En un clin d’œil, le train s’est mis en marche. Et il n’a plus arrêté.

C’est donc une gestionnaire essentiellement autodidacte qui a succédé à Eugène Lapierre, en octobre 2022, à la tête de l’Omnium.

Cette absence de formation, « ç’a été un complexe pendant longtemps », avoue-t-elle.

« Ce l’est un peu moins maintenant, j’ai appris à être en paix avec ça. J’avais le syndrome de l’imposteur. Je peux dégager une certaine assurance, mais je n’en ai pas toujours tant que ça. C’est ce qui m’amène à être perfectionniste et à toujours être ultra-préparée. Je suis constamment en remise en question, en train de me demander ce que je peux faire pour continuer d’apprendre. Je sais que ce que j’ai acquis au fil des années vaut autant que le papier que je serais allée chercher à 23 ans. »