Après avoir dirigé une petite équipe de cinq membres comme directrice des communications de Tennis Canada, voilà désormais Valérie Tétreault au sommet d’une pyramide qui inclut une cinquantaine de personnes à longueur d’année, et bien davantage pendant l’été.

Son mentor, Eugène Lapierre, n’est jamais loin. Pendant notre rencontre, il arrive à l’improviste dans les bureaux situés au deuxième étage du stade IGA. Tétreault lui fait une remarque sur ses cheveux décoiffés par un trajet à vélo. Les deux en rient.

« On ne sait jamais quand il va débarquer », dit-elle en souriant. L’admiration et le respect sont évidents. Longtemps avant sa nomination, les deux ont discuté du processus de passation des pouvoirs. Et la dernière année y a été largement consacrée.

Cela n’empêche pas Valérie Tétreault d’exprimer la volonté claire de « trouver [son] propre style ».

Le piège dans lequel je ne voulais pas tomber, c’était d’essayer d’être Eugène 2.0.

Valérie Tétreault

La remarque, sans arrière-pensée, tombe sous le sens. Nommée en remplacement d’un homme qui a presque deux fois son âge, elle compte parmi ses objectifs celui de « rajeunir un peu le public pour assurer la croissance du tournoi ». Elle évoque à ce sujet certaines initiatives visibles à la plus récente présentation – un spectacle de drones ou le recours à la réalité virtuelle, par exemple. Les mots « transformation numérique » sont prononcés.

« On met de plus en plus de ressources financières et humaines vers cet aspect-là de la business. Je pense qu’Eugène a été le premier à dire que c’était une conversation qui le dépassait un petit peu. »

Le rapport avec la génération suivante

À 35 ans, Valérie Tétreault s’amuse de se retrouver en vedette d’un dossier intitulé « Les milléniaux aux commandes ». À l’instar des plus vieux représentants de ce groupe démographique, elle ne s’y associe pas d’emblée.

De fait, dans le cadre de ses fonctions, son âge ne la fait pas se sentir jeune. On comprend que ses rapports avec la génération suivante la confrontent davantage que ceux avec la précédente. « Je dirais que je suis entre les deux. »

Il y a bien sûr les multiples demandes liées à la flexibilité d’horaire, héritées notamment de la pandémie – le télétravail était autrefois un mot tabou dans les bureaux du parc Jarry. Mais le choc est plus complexe, notamment sur le plan du recrutement de personnel.

Les plus jeunes travailleurs « ne jouent pas nécessairement toujours pour le logo en avant, mais pour le nom dans le dos », image-t-elle.

« Je vois maintenant à quel point c’est une autre game par rapport à ce que c’était avant. On a l’impression de se faire passer en entrevue. Le plus difficile, c’est engager du personnel d’été, des employés temporaires. Nos budgets ne nous permettent pas nécessairement d’offrir 40 $ l’heure. C’est fou. Ils sont vraiment dans : ‟En ce moment, qu’est-ce qui est le mieux pour moi ?” »

Des « ajustements » sont forcément nécessaires. « Ils ne prennent pas nécessairement le temps de communiquer ce qu’ils font. Tu ne veux pas microgérer, mais il faut un peu leur tirer les vers du nez pour s’assurer que les choses avancent bel et bien. »

Une « ouverture » est toutefois impérative de la part de la direction, estime Valérie Tétreault. Une ouverture à apprendre des plus jeunes, notamment.

« Ils osent beaucoup, note la dirigeante. Quand ils sont convaincus de quelque chose, ils sont très militants. Ils sont très créatifs, ça peut mettre en ébullition certaines idées… »

Elle redoute cependant que cette volonté d’apprendre de l’autre soit à sens unique. « Je me demande si eux se posent la question inverse. »