Les deux monstres sacrés du tennis moderne, Rafael Nadal et Roger Federer, vont se retrouver pour la première fois depuis près de deux ans dans une grande finale, celle du Masters, dimanche à Londres.

Après s'être rencontrés en moyenne cinq fois par saison entre 2006 et 2008, les rivaux s'étaient presque perdus de vue. Depuis la victoire de l'Espagnol à l'Open d'Australie en janvier 2009, ils ne se sont affrontés que deux fois - une victoire chacun à Madrid - et jamais dans un événement majeur.

Si l'on se fie au tennis qu'ils ont montré samedi en demi-finales, le 22e épisode du plus beau feuilleton de l'histoire du tennis a des chances de rester dans les mémoires.

Nadal s'est offert une première finale au Masters en battant le Britannique Andy Murray en trois sets 7-6 (7/5), 3-6, 7-6 (8/6), après plus de trois heures de grand spectacle rythmées par de multiples rebondissements.

Federer est allé plus vite (1h 19 min) et a été tout aussi impressionnant face au Serbe Novak Djokovic, battu 6-1, 6-4.

Une fois plus, le duel s'annonce incertain. Bien sûr, le Majorquin mène largement, 14 à 7, dans leur face-à-face et reste sur six succès en sept rencontres face au Suisse.

Grand triomphateur de la saison, avec ses victoires à Roland-Garros, à Wimbledon et à l'US Open et la première place mondiale verrouillée probablement pour de longs mois, il ne peut arriver plus en confiance.

La fatigue de Nadal

Nadal n'a jamais aussi bien joué au tennis de sa vie en salle, dans les conditions qui lui plaisent le moins. Il se trouve ainsi devant une occasion peut-être unique de décrocher le dernier titre très prestigieux manquant à son palmarès, lui qui a déjà en poche les quatre Grands Chelems, la Coupe Davis et la médaille d'or olympique. Une collection que seul l'Américain Andre Agassi a réussi à rassembler dans les années 1990.

Mais la faim de victoire de Federer n'est pas moins vive. Au bout d'une saison inférieure à ses standards, avec une seule finale de Grand Chelem - gagnée - à l'Open d'Australie, le Suisse veut absolument prouver qu'il reste à 29 ans un favori évident pour tous les grands titres à court et moyen terme, en égalant au passage le record de Pete Sampras avec un cinquième Masters.

En forme depuis plusieurs semaines, il a retrouvé un niveau de jeu superbe à Londres, où aucun de ses adversaires (Ferrer, Murray, Soderling, Djokovic) ne l'a vraiment inquiété.

Et il n'a jamais perdu en indoor contre Nadal, leurs deux seuls affrontements ayant déjà eu lieu au Masters, en demi-finale, en 2006 et 2007 à Shanghai.

Surtout, la journée de samedi risque de peser lourd dans les jambes de l'Espagnol. Alors que Federer a pu économiser ses forces contre un Djokovic dépassé, Nadal a dû puiser dans ses réserves pour sortir vainqueur de son «thriller» contre Murray.

«Je ne sais pas comment je vais être demain, mais en ce moment, c'est vrai, je suis très fatigué», a reconnu Nadal après avoir gagné le plus beau match du tournoi.