Vous avez l'impression que l'été tombe à l'eau? Consolez-vous. Tentez d'imaginer ce que c'est pour les joueurs de l'Impact, le matin, quand ils se réveillent et qu'ils ont (encore) pris un dur coup la veille...

Comme jadis le chantait le poète: quel calvaire! Clairement à court d'inspiration, chaque membre du onze montréalais aurait d'ailleurs intérêt à suivre les conseils de Ma'am Brière quand elle disait à Plume: «Oublie jamais, mon p'tit gars, on a chacun nos petites misères, mais faut pas s'en faire un calvaire.» Autrement dit, la vie continue, et la saison aussi.

N'allez toutefois pas croire que c'est le désespoir qui me pousse à puiser ainsi dans le répertoire du folklore québécois pour mettre un baume sur les plaies du bleu-blanc-noir - des plaies décidément ouvertes comme les brèches dans sa défense... À la réflexion, j'y vois plutôt une tentative de me réconcilier avec le foot aux accents locaux après une idylle au Mondial brésilien. C'est qu'il est plus long que prévu, le sevrage de tous ces élixirs d'açaï.

Mais pour revenir à l'accent local, se pourrait-il que le message aux joueurs ait plus de chances de passer dans le langage coloré - pour ne pas dire badass - qui fait la réputation des Dead Obies? Whatever it takes, comme diraient les Chinois... Quoique des vestiaires bilingues, voire trilingues, j'en ai connu, à l'instar de joueurs qui ne comprenaient aucune des instructions qui leur étaient destinées, et cela, peu importe la langue utilisée... De toute façon, force est de constater que ce débat culturel est drôlement plus animé que l'Impact certaines soirées.

Perte d'envie

L'Impact que j'ai retrouvé dimanche au stade Saputo m'est apparu comme une équipe en manque de solidarité dont certains des éléments les plus talentueux semblent avoir perdu le plaisir de jouer. Quand on voit Hassoun Camara sortir de ses gonds et enchaîner les tacles à la manière d'un Nelson Rivas, il y a assurément quelque chose qui ne tourne pas rond.

Ironie du sort, s'il y a un endroit où ça tourne en rond, c'est sur le plan des résultats de l'équipe. Le scénario du match contre Portland ressemblait d'ailleurs à celui des dernières rencontres. On a bien voulu y croire après le premier but, où le bleu-blanc-noir a fait preuve d'une étonnante efficacité. On s'y est également fait prendre après le deuxième, où la réaction de l'équipe locale entretenait l'illusion que l'issue pourrait être différente en cette occasion.

Mais l'Impact a encore trouvé le moyen de l'échapper. Échapper? Ce serait toutefois faire abstraction du nombre de fois où Diego Valeri, Darlington Nagbe et Gaston Fernandez se sont retrouvés en possession du ballon derrière les milieux montréalais pour porter l'assaut au but d'Evan Bush. De la malchance sur ce ballon mal dégagé par Futty Danso qui mène au but scellant l'issue du match? Certes. Mais disons qu'en jouant ainsi avec le feu, on ne met pas vraiment les chances de son côté.

La direction du club et Frank Klopas ont beau bricoler, l'édition 2014 du bleu-blanc-noir n'est même plus une caricature du modèle qui avait brièvement fonctionné il y a un an, avec sa colonne vertébrale de joueurs «capables de faire la différence» dans l'axe. On ne parle même plus d'une formation qui se faisait à l'origine une fierté d'être difficile à affronter (2012). On se demande bien ce qu'un joyau comme Ignacio Piatti pourra changer à une telle équipe sans identité.

À moins qu'il ne procure la solution pour changer de façon draconienne le langage corporel de Marco Di Vaio de façon à le rendre moins négatif. Mais ça, comme un ancien commanditaire du club en avait fait son slogan, si ça existait, ils l'auraient...