Bon bien, même si ce n'est pas encore confirmé, tout indique que les séries, ce ne sera pas pour cette année. Les joueurs et le personnel d'entraîneurs de l'Impact vous diront que tant qu'il reste de l'espoir, ils vont y croire. Mais après les performances décevantes des trois derniers matchs et une série de résultats défavorables ailleurs dans la ligue, ce serait du déni que d'affirmer que leur conviction n'a pas été entamée.

Dans les circonstances - et pour éviter de sombrer dans le vide existentiel qui guette les athlètes professionnels qui disputent des matchs sans enjeu -, l'Impact pourra se concentrer davantage sur sa façon de jouer que sur les résultats eux-mêmes. C'est peut-être un peu moins trépidant pour le public, mais à long terme, ce travail de fond ne devrait pas nuire au spectacle offert par le bleu-blanc-noir.

Justement, tant qu'à parler de manière, celle que l'on sacrifie si souvent au profit du résultat, je ne peux m'empêcher de revenir sur une question qui m'est chère et qui concerne le développement de la culture du ballon rond dans notre Belle Province.

Le cas de l'Ontario

Un débat fait actuellement rage dans la communauté du soccer en Ontario. En accord avec les principes du Plan de développement à long terme de l'athlète (PDLT), l'association provinciale a pris la décision d'abolir les classements des ligues de soccer pour les moins de 12 ans. Bref, fini les tournois pour ces apprentis footballeurs et footballeuses. On les remplace par des festivals dans lesquels il n'y a pas de finale. Pour ceux qui l'ignorent, bien des régions du Québec ont déjà de telles mesures en place chez les 10 ans et moins.

Vous étonnerai-je en vous disant que ce changement est en train de faire scandale? Parents et entraîneurs (!) se bousculent au portillon pour dénoncer ce nouveau système qui, selon certains, va à l'encontre de la nature humaine! Notre ADN aurait donc un gène programmé pour compter les points?

Dans un billet écrit la semaine dernière, l'éminent collègue Jason De Vos, ex-capitaine de l'équipe nationale devenu la «voix» du soccer au Canada anglais sur les ondes de TSN, s'acharne à défendre cette révolution contre les esprits réfractaires. Il faut savoir que De Vos a longtemps agi à titre de directeur technique du plus grand club de soccer amateur canadien à Oakville.

Or, à part l'odeur de café instantané, on sent dans les gradins des terrains de soccer du pays une crainte irrationnelle que les directeurs techniques complotent pour la mise en place d'un monde aseptisé dans lequel tous les joueurs sont bons et où la critique n'existe pas. Car sans médaille d'or pour les champions U8 du pays, comment arriverons-nous à former des athlètes qui comprennent que la troisième place (aux Jeux olympiques), elle est pour les perdants! (Note: si vous ne décelez pas l'ironie, c'est que le café n'est pas assez fort.)

La confusion sur les intentions du PDLT et les mesures prises pour l'appliquer au soccer proviennent surtout d'un manque de vision à long terme des entraîneurs et des parents qui jugent des succès des enfants au foot par le nombre de trophées de pacotille amassés pendant l'été. Une forme de myopie qui ne les empêche pas, tous les quatre ans, de fustiger l'équipe nationale quand elle échoue dans sa tentative de se qualifier pour la Coupe du monde. Comme si ces deux réalités n'étaient pas le moindrement reliées.

Peu importe que la crème de la crème canadienne peine à aligner plus de trois passes consécutives quand elle affronte le Panama. À en croire certains, l'important, en bas âge, n'est pas de devenir «l'ami» du ballon, c'est de «kicker» plus fort pour planter l'autre équipe!

Pourtant, s'il existe un milieu où l'on veut éviter le nivellement par le bas, c'est bien celui des éducateurs de soccer du pays qui se démènent pour améliorer la qualité du jeu. Mais le message ne passe pas quand on n'est pas prêt à écouter.