La courte victoire du Real Madrid à Auxerre mardi en Ligue des champions (1-0) a confirmé que José Mourinho avait commencé à imprimer sa marque sur son nouveau club, solide derrière et parcimonieux devant, au risque de déplaire aux exigeants supporteurs madrilènes.

«Il y a eu des matches lors desquels on s'est créé une quinzaine de situations mais lors desquels on n'avait pas marqué, comme à Majorque ou à Levante (0-0). Tout le monde avait dit que l'on ne méritait pas de gagner car l'on n'avait pas marqué. Là, si tout le monde est pragmatique, on a marqué donc la victoire est méritée», a résumé l'entraîneur portugais après la rencontre.

Pragmatisme et solidité défensive, c'est en effet ce qui caractérise pour l'instant le Real de Mourinho. Depuis le début de la saison, les Merengue n'ont encaissé qu'un seul but (contre la Real Sociedad) en cinq matches de championnat et deux de Ligue des champions.

Mais le Real marque peu et son attaque semble enrayée: à eux trois, Cristiano Ronaldo, Higuain et Benzema ont inscrit seulement quatre buts cette saison.

Mardi encore, les meilleurs Madrilènes ont été les milieux défensifs Lassana Diarra et Xabi Alonso et les latéraux Arbeloa et Marcelo. Les trois joueurs offensifs ont déçu, une fois de plus.

Ronaldo, averti, nerveux et très loin de ses performances du début de saison dernière à son arrivée au Real, a joué à l'envers pendant une heure avant de se montrer enfin dangereux en fin de match alors qu'Higuain, maladroit, n'a pas pesé.

Benzema de son côté n'a pas justifié la récente confiance de son entraîneur et a été terriblement discret durant les 57 minutes passées sur la pelouse de l'Abbé Deschamps avant son remplacement par Ozil, passeur décisif sur le but de Di Maria.

«Joli, joli, joli»

Le Real a été dangereux, bien sûr, comme sur ce tir de Higuain repoussé sur sa ligne par Chafni (15), mais a dû se contenter du but heureux de Di Maria, entaché d'une main en début d'action.

«On ne s'est pas créé assez de situations de buts», a admis «Mou». Mourinho, qui avait demandé un autre avant-centre à ses dirigeants lors du mercato, a toujours bâti ses succès avec Porto, Chelsea ou l'Inter Milan sur sa science tactique et un socle défensif indestructible, sait que 1-0 n'est pas le score favori des difficiles supporteurs madrilènes.

«Il faut laisser du temps à José, a plaidé mardi l'entraîneur d'Auxerre Jean Fernandez. Il est en train d'avoir une équipe très bien organisée défensivement et devant, avec le talent de ses joueurs, avec du temps et des automatismes, le Real pourra rivaliser avec le Barça en championnat et remporter la C1.»

Coincé entre deux exigences, celle d'offrir du spectacle aux tribunes et celle de rapporter le succès dans un club qui n'a plus passé les 8e de finale de la Ligue des champions depuis six ans et qui subit la loi de Barcelone en championnat depuis deux ans, Mourinho ne devrait en fait pas beaucoup hésiter.

«Ce qui est joli, joli, joli, c'est de gagner», avait-il lancé en guise de programme lors de sa première conférence de presse en tant qu'entraîneur du Real.