Dès que le CF Montréal a commencé à faire de l’œil à Laurent Courtois, ce dernier en est devenu « obsédé ». Comme un coup de foudre dont les éclats ne cessent de vous chatouiller.

« Je ne le cache pas, c’est un rêve d’adulte que je réalise d’être devant vous aujourd’hui », a lancé d’emblée le nouvel entraîneur-chef du CFM au Centre Nutrilait, mardi matin.

Courtois était accompagné du président Gabriel Gervais au podium, surplombé par de grandes fenêtres donnant sur les terrains enneigés du centre d’entraînement. À noter que le directeur sportif Olivier Renard, qui a mené le processus d’entrevues avec son adjoint Vassili Cremanzidis, était absent de la conférence de presse pour des « raisons personnelles ».

« Dès que j’ai mis les pieds ici, que j’ai commencé à parler avec les personnes, c’est devenu une obsession pour moi », a ajouté Courtois.

« Dès que j’ai eu la confirmation, j’ai sauté dans l’avion, a-t-il blagué, provoquant des rires dans la salle. L’avion était prêt, j’attendais. Ça s’est fait très récemment. Je suis un vieux, très vieux gamin. J’étais obsédé, mes enfants étaient obsédés, ils ne me parlent que de ça. […] La minute que ça s’est validé, on a tous sauté de joie. »

Pour Gabriel Gervais, le Français de 45 ans « cochait toutes les cases que [le club] recherchait ».

Il veut être à Montréal. Il veut faire partie de notre projet.

Gabriel Gervais, président du CF Montréal

Gervais vante son « excellente vision », son « expérience avec les jeunes », des qualités qui « correspondent parfaitement à [leur] projet sportif ».

« Laurent vient avec son propre style, sa propre philosophie qui concorde avec la nôtre. »

En revanche, il ne vient pas avec un personnel d’entraîneurs, qui devra être nommé ultérieurement. Courtois dit vouloir se fier aux « personnes en place », notamment Laurent Ciman, dont la « grosse expérience » pourra le « guider ».

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Le président du CF Montréal, Gabriel Gervais, et le nouvel entraîneur-chef de l’équipe, Laurent Courtois

« Je m’en fiche et il s’en fiche »

Nous reviendrons à sa philosophie dans un autre texte – il en a parlé en long et en large. Pour le moment, on doit s’occuper de l’éléphant dans la pièce.

Lisez « Vers l’avant, ‟toujours” vers l’avant »

Laurent Courtois arrive de l’équipe de réserve du Crew de Columbus. Crew qui a soutiré Wilfried Nancy des mains du CF Montréal, en 2022. Les deux hommes, deux Français de surcroît, ont bien dû discuter des circonstances ayant mené au départ de Nancy avant que Courtois n’accepte l’offre montréalaise, non ?

Non.

« En fait, les gens seraient surpris, dit-il en souriant. Avec Wilfried, que ce soit par texto ou en tête à tête, on parle plus de listes de lecture de chansons créoles sur Spotify qu’on aime bien, plutôt que de foot. »

Les parents de Courtois sont nés à l’île de la Réunion, au large de Madagascar.

« Le moins bon, il ne va jamais en parler, affirme le technicien recrue à propos de Nancy. Il va de l’avant. Il m’a dit trois trucs : “Sois toi-même, attache-toi, et profites-en [be yourself, buckle up, and enjoy the ride]”. Il me l’a dit en anglais en plus, c’était marrant. C’est littéralement le peu qu’on a discuté. On a parlé de beaucoup de choses, mais pas de foot. J’aurais dû en profiter… »

Relancé un peu plus tard sur le même sujet, Courtois a répété l’essence du propos, mais de façon un peu plus concrète. « Je m’en fiche et il s’en fiche. Tu vois ce que je veux dire ? Tout le monde s’en fout. »

Du côté du club, voit-on son embauche comme une certaine revanche après les évènements de 2022 ? « Pas du tout », répond Gervais du tac au tac.

Tout cela a le mérite d’être clair.

« Je vais tout donner »

L’entente de Courtois avec le CFM est de deux ans. Se voit-il rester ici à plus long terme, lui qui arrive dans un club ayant bien besoin de stabilité à ce poste ?

« Je suis là pour vraiment m’impliquer dans un projet, affirme le technicien. Il m’a été confié une mission, je vais essayer de la développer, je vais tout donner. […] De parler du futur, c’est prétentieux dans le foot aujourd’hui. C’est tellement relatif. »

Gervais l’affirme sans ambages : « C’est clair qu’on veut apporter de la stabilité. S’il peut être ici 10 ans, on va le garder 10 ans. Mais il faut comprendre que dans le soccer moderne, il y a un taux de roulement assez élevé à ce poste-là, pour toutes sortes de raisons. »

À court terme, du moins, les objectifs du club – et la mission de Courtois – sont clairs.

« Nous souhaitons rentrer dans les séries, confirme le président. On veut avoir la chance de se battre pour la Coupe MLS. On veut remporter le championnat canadien et retourner en Ligue des champions de la CONCACAF. Nous sommes très, très confiants que Laurent va nous aider à réaliser notre vision, ainsi qu’atteindre nos objectifs. »

Plus de 13 000 abonnements vendus

On savait que la vente d’abonnements allait bien pour le CF Montréal, mais peut-être pas à ce point. Le club a confirmé à La Presse mardi qu’il en avait déjà vendu plus de 13 000 en vue de la saison 2024. Alors que Gabriel Gervais avait indiqué à votre quotidien en novembre qu’il souhaitait atteindre le plateau des 10 000 pour la prochaine campagne, cette nouvelle marque constitue un record presque inespéré. Bien sûr, l’arrivée de Lionel Messi en MLS et sa potentielle venue à Montréal le 11 mai prochain ont fait gonfler ces chiffres. Il reste qu’après les nombreuses salles combles au stade Saputo en 2023, voilà que le club part sur d’excellentes bases en cette jeune année 2024.