Trente-cinq ans. Ça fait 35 ans que le Canada n’a pas gagné en Jamaïque. Vendredi, les hommes de Mauro Biello auront une nouvelle occasion de briser le mauvais sort.

L’unifolié affrontera les Reggae Boyz à Kingston, dans le cadre des quarts de finale de la Ligue des nations de la CONCACAF. Cette série aller-retour permettra aussi à son vainqueur de se qualifier pour la Copa América, à l’été 2024.

Mais le défi est de taille. La dernière victoire canadienne dans le pays de Bob Marley remonte à 1988, un gain de 4-0 dans un match amical. Nick De Santis et John Limniatis étaient de l’alignement partant. John Catliff avait marqué un tour du chapeau. En sept occasions depuis, c’est la disette.

Comment Mauro Biello, entraîneur-chef par intérim de la sélection, se l’explique-t-il ?

« C’est la CONCACAF, énonce-t-il. C’est difficile de jouer dans tous les stades. On l’a expérimenté à plusieurs reprises au cours de notre histoire. »

C’est Biello lui-même, lors de ce point de presse virtuel, qui a fait mention de la difficulté qu’a le Canada de gagner en Jamaïque. Il explique qu’avec les qualités variables des terrains de la région, « il faut savoir s’adapter rapidement ».

« Il faut être fort mentalement dans ces matchs. Le ballon peut rebondir d’une drôle de façon, toucher ton tibia [au lieu du pied], et tu perds le contrôle. Tu ne dois alors pas baisser la tête. Tu dois réagir de la bonne façon, faire ce que tu dois faire sur le jeu, et passer au prochain. »

« Ne t’éloigne pas du plan de match », martèle-t-il, s’adressant aux journalistes comme s’il s’adressait à ses joueurs.

« Reste concentré. Fais les petites choses de la bonne façon. C’est ce qui va te donner la meilleure chance de remporter ce match. »

C’est la raison pour laquelle il a convoqué un groupe « expérimenté » en vue de ce rassemblement. La dernière fois que les Rouges ont mis le pied en Jamaïque, c’était en qualification pour la Coupe du monde, à l’automne 2021. Un match nul de 0-0.

Biello souhaitait avoir « un groupe qui a vécu ces moments », notamment pour qu’ils agissent comme un « liant » sur le terrain.

« Tu ne peux pas là-bas et ne pas savoir à quoi t’attendre. On sait que ce sera très difficile. »

Il faut « plus de matchs » pour les M17

Quelques heures avant le point de presse de Mauro Biello, l’équipe des moins de 17 ans du Canada concluait une Coupe du monde M17 particulièrement difficile, en Indonésie. Une défaite de 2-0 contre l’Espagne en lever de rideau. Une défaite de 3-0 contre l’Ouzbékistan dans le second match. Puis, jeudi, un cuisant revers de 5-1 contre le Mali.

On vous en parle, parce que le fils de Biello, Alessandro, était de la partie. Le milieu de terrain de l’académie du CF Montréal reviendra probablement d’Asie avec de très mauvais souvenirs : il a reçu un carton rouge à la 38minute du premier match pour un geste antisportif, ce qui l’a aussi suspendu pour les deux rencontres suivantes.

« Il a travaillé tellement fort pour avoir cette opportunité, mais il n’a pas eu sa chance à cause du carton », se désole Biello père, qui dit aussi ne pas avoir pu regarder tous les matchs, travail oblige.

« On sait aussi qu’il y a du travail à faire pour ces jeunes-là. Il faut les mettre dans ces conditions plus souvent. C’est l’élément clé qui ressort de tout ça. »

Ces résultats à sens unique sont-ils symptomatiques d’un développement déficient au pays, selon le sélectionneur de l’équipe séniore ?

« On n’a jamais gagné de match à la Coupe du monde, rappelle-t-il. C’est un processus. […] Mais à la fin, il y a des performances qui devront être évaluées. C’est normal. En même temps, il y a tout le travail qui a été fait avant qui doit s’améliorer. [Il faut que les joueurs] jouent plus de matchs. »