Où était cette équipe à la Coupe du monde ? Cette équipe si créative, si dominante ? Parce que cette équipe, elle vient de se qualifier pour les Jeux olympiques de 2024. Avec brio.

Les Canadiennes ont remporté mardi soir le deuxième match d’une série aller-retour contre les Jamaïcaines, par la marque de 2-1 (4-1 au total des buts). Cette série permettait de déterminer laquelle des deux équipes aurait la chance de se rendre à Paris, l’été prochain.

Cette qualification, obtenue devant une foule record de 29 212 spectateurs au BMO Field, signifie donc que Bev Priestman et sa troupe auront la chance de défendre leur médaille d’or, obtenue en 2021 aux Jeux de Tokyo.

Après une élimination décevante en phase de groupe du Mondial l’été dernier, l’unifolié a rapidement fait taire les doutes. Ses représentantes ont offert deux solides performances, à Kingston vendredi (2-0), puis à Toronto mardi.

Après la rencontre, la sélectionneuse Bev Priestman a louangé la « force de caractère », l’« effort » et l’abnégation de ses joueuses.

« C’est ce qui inspire les Canadiens à propos de cette équipe, a-t-elle dit. Et c’est probablement ce qui nous a manqué à cette Coupe du monde. Notre personnel et nos joueuses ont travaillé extrêmement fort au cours des six dernières semaines. J’ai vécu et dormi en pensant [à la défaite de 4-0 contre l’Australie]. Tout le monde a mis la main à la pâte pour changer les choses. »

La Jamaïque frappe en premier

Avec un écart de deux buts marqués à l’étranger à combler, la charge de travail était titanesque pour les Jamaïcaines, mardi. Et pourtant, ce sont elles qui ont fait feu en premier. Une superbe frappe sur un coup franc dans l’axe de la part de la légendaire Drew Spence à la 33minute.

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

La Canadienne Nichelle Prince court vers le ballon alors que la Jamaïcaine Allyson Swaby défend pendant la première mi-temps.

Mais les Canadiennes ont répondu sans attendre. Autant avec de belles occasions qu’avec un but égalisateur. À la 39e, Cloé Lacasse a confirmé sa belle tenue lors de ces deux matchs en faisant 1-1 avec une jolie redirection de la tête sur un corner.

Pour Priestman, cette riposte rapide montre à quel point les Canadiennes ont « grandi » depuis le Mondial.

« Ça nous est arrivé il n’y a pas si longtemps », rappelle l’entraîneuse, se référant au but rapide concédé contre l’Australie le 31 juillet. « On en a parlé : quand le mercure monte, comment fait-on pour redescendre l’aiguille et redevenir calmes ? À la Coupe du monde, j’ai eu l’impression que ça nous a atteintes. Mais peu importe la raison, il faut rebondir et ne pas laisser le moment nous chavirer. Le groupe, autant les joueuses expérimentées que celles qui le sont moins, l’a très bien géré. »

Jordyn Huitema a ensuite anéanti ce qu’il restait des espoirs jamaïcains quelques minutes après son entrée en jeu, à la 50e. Le ballon centré par Ashley Lawrence à droite – une menace constante de ce côté du terrain – a trouvé la tête de la numéro 9, qui a redirigé le cuir dans le coin inférieur gauche du filet.

La fin pour Sinclair ?

Ce n’était pas un but, mais quand même : on ne serait pas surpris que les sismologues aient enregistré une secousse à Toronto lorsque Christine Sinclair, entrée en jeu à la 59e minute, s’est amenée devant la cage de Rebecca Spencer trois minutes plus tard, dangereuse balle au pied encore et toujours. Le BMO Field était prêt à exploser, n’eût été l’arrêt de Spencer. À 40 ans, était-ce sa dernière apparition en tant que joueuse du Canada, elle qui a fondu en larmes au coup de sifflet final ?

« Au début de ce camp, Christine m’a dit qu’elle voulait aider l’équipe à se rendre aux Olympiques, révèle Bev Priestman. C’est la seule conversation que nous avons eue jusqu’à présent. Après cette trêve internationale, je vais m’asseoir avec toutes les joueuses. Et cette conversation plus générale [sur la suite de sa carrière] en fera certainement partie. »

Priestman a tout de même noté « le rôle difficile » qu’a occupé Sinclair lors de ces deux matchs.

« Tout d’un coup, tu passes d’être titulaire à joueuse substitut. Tu joues à la maison. Elle a géré ça comme une vraie professionnelle, comme la Canadienne qu’elle est, humble, respectueuse. Elle est venue, a fait son travail en laissant son ego de côté et a mené cette équipe aux Jeux olympiques. »