Le CF Montréal pensait bien avoir tourné la page sur une première controverse majeure en 2023, mais une autre s’est pointé le bout du nez moins de 24 heures plus tard.

Après être revenu sur sa décision d’embaucher Sandro Grande comme entraîneur-chef de l’équipe de réserve, à la suite de commentaires haineux publiés en 2012 à l’endroit de l’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois, le Bleu-blanc-noir a été pris de court tôt mercredi matin, quand le vétéran Kei Kamara a écrit sur son compte Twitter qu’il avait demandé à être échangé à une autre équipe.

« Ce fut une saison morte difficile mentalement, mais je n’ai aucun regret d’avoir fait partie d’un si merveilleux groupe en 2022. J’ai hâte de voir où ce voyage nous mènera, ma famille et moi », a écrit l’attaquant sierraléonais, qui a été l’un des favoris de la foule montréalaise la saison dernière.

Le problème, c’est que Kamara a toujours un contrat avec le CF Montréal et qu’il est allé à l’encontre de la direction de l’équipe en rendant ces informations publiques.

« Il a fait sa sortie publique sans notre accord », a souligné le vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal, Olivier Renard.

« Nous avions proposé d’autres contrats à Kei, des contrats améliorés financièrement. Nous lui avons offert deux années garanties, et je rappelle qu’il est rendu à 38 ans. Nous étions à l’aise de lui proposer ça et de lui offrir la possibilité de rester avec nous, tant sur le plan de la formation des jeunes qu’au sein de la première équipe. Nos propositions ont été refusées. »

Une aubaine

Kamara a probablement été l’aubaine de l’année en MLS en 2022. Empochant un salaire garanti de seulement 94 000 $ US selon le site spécialisé Spotrac, le vétéran a récolté neuf buts et sept passes décisives, mais il a surtout eu un énorme impact dans le vestiaire montréalais grâce à son leadership et à son positivisme. Sans surprise, le CF Montréal a activé l’option pour 2023.

Terminant troisième au scrutin pour le retour de l’année en MLS, Kamara n’a cependant pas vu la vie qu’en rose en 2022. Pendant une année complète, il a été loin de sa femme Kristin et de ses enfants. Renard a cependant assuré que l’organisation avait été à l’écoute de leurs besoins et de leurs inquiétudes.

« Nous savions qu’il y avait ce problème avec sa famille, mais nous n’avions aucun souci sur ce plan. Je comprends l’aspect familial de Kei et c’est pour cette raison que nous avons tenté d’ouvrir son contrat pour le rendre plus heureux. Je pense que nous lui avons fait une offre qui le respectait, mais je ne suis pas son conseiller. Kei n’avait pas d’équipe il y a un an et nous lui avons tendu la main. Il nous l’a très bien rendu et c’est pour ça que nous lui avons proposé un nouveau contrat, même si nous n’étions pas obligés. Nous avons tenté de le garder à bord », a insisté Renard.

Le feuilleton ne s’arrête pas là.

Lors de la première journée du camp d’entraînement, lundi au Stade olympique, le nouvel entraîneur-chef du CF Montréal, Hernán Losada, avait fait savoir que Kamara était malade et qu’il était resté en Afrique, mais qu’il serait de retour « dans les prochains jours ».

Or, Renard n’a reçu aucune nouvelle de l’état de santé de son attaquant depuis plusieurs jours.

« Le jeudi 5 janvier, nous avons reçu une lettre d’un médecin pour nous dire que Kei était malade là-bas en Afrique. Si c’est le cas, il ne pouvait pas voyager, mais depuis, nous n’avons eu aucun contact. Nous avons demandé plus de précisions de la part du médecin, mais nous n’avons eu aucune réponse de sa part. Aujourd’hui, nous nous sommes réveillés avec le gazouillis de Kei », a-t-il déclaré.

Une « patate chaude »

Renard est maintenant aux prises avec une « patate chaude ». Il n’est pas fermé à l’idée de garder les services de Kamara ou de l’échanger, mais comme son joueur est sous contrat, il s’attend à ce qu’il s’entraîne avec l’équipe s’il est en santé.

Le vice-président et chef de la direction sportive du Bleu-blanc-noir a affirmé avoir parlé à l’agent de Kamara il y a une dizaine de jours, et il prétend que les deux parties connaissaient de façon claire leurs points de vue.

« Il nous avait déjà demandé de peut-être faire une communication pour dire qu’il était sur le marché des transferts. Je lui ai dit que ça pouvait très bien rester à l’interne et qu’il puisse venir s’entraîner », a indiqué Renard, ajoutant qu’il avait déjà fait part de cette situation au bureau de la MLS.

À partir du moment que tu t’autoproclames sur le marché des transferts et que tu ne te présentes pas, c’est problématique. Même sur le plan du respect des coéquipiers.

Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal

Renard a répété à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de tordre le bras aux joueurs qui ne veulent pas rester à Montréal. En conséquence, la situation entourant Kamara ne devrait pas être différente.

Le CF Montréal a récemment conclu trois lucratifs transferts impliquant Alistair Johnston, Ismaël Koné et Djordje Mihailovic, qui se plaisaient à Montréal, mais qui étaient en quête de nouveaux défis en Europe.

« Je rappelle qu’il y a eu plusieurs départs dernièrement, mais ils se sont tous bien passés en revente, a indiqué Renard. C’est à l’agent de Kei de trouver la meilleure possibilité pour lui. S’il y a des clubs intéressés, qu’il nous contacte par l’entremise de son agent. En procédant de la façon dont il a procédé, ça peut nous vexer et fermer la porte à un départ, mais ce n’est pas ce que nous voulons faire. »

En attendant le dénouement de cette histoire saugrenue, Renard a laissé entendre qu’un retour de l’attaquant de 22 ans Chinonso Offor, acquis du Fire de Chicago en août et depuis prêté au club belge SV Zulte Waregem, n’est pas exclu.

« C’est à nous de voir si c’est le bon moment de le ramener », a-t-il exprimé.