Lionel Messi a un rêve. Et il a décidé de prendre les moyens pour le concrétiser.

Ses prouesses ont porté l’Argentine à un gain de 3-0 face à la Croatie, mardi, en demi-finale de la Coupe du monde 2022. La voilà maintenant en grande finale, en attente du vainqueur dans le match qui oppose le Maroc et la France, ce mercredi.

Tout un contraste avec le début du tournoi pour les Argentins, qui avaient laissé échapper leur rencontre en lever de rideau 2-1 face à l’Arabie saoudite. Messi n’a pas manqué de le rappeler, mardi.

« Commencer ainsi, contre un adversaire contre lequel on ne pensait pas perdre, a été une épreuve très dure pour ce groupe, a souligné la légende argentine. Mais il a démontré qu’il était fort. Il a avancé match par match. Ce que nous avons fait était difficile, car chaque match était une finale. On a joué cinq finales, on en a gagné cinq. Espérons que ce soit le cas de la prochaine. »

Le milieu Rodrigo de Paul a lui aussi souligné la cohésion dans ce groupe de l’Albiceleste.

« Je ne me lasse pas de le répéter : à l’intérieur du vestiaire, nous savions que nous en étions capables, a lancé de Paul. Nous avons subi un coup dur au départ, mais ensuite, chaque match était comme une finale, il fallait gagner quoi qu’il arrive. »

Álvarez et Messi, imparables

L’histoire de cet affrontement, c’est Messi, bien sûr. Il a marqué le premier but sur penalty (34e minute). En plus d’offrir la plus belle passe de ce tournoi pour le filet du 3-0. Un merveilleux élan du pinceau sur l’aile droite qui, une fois le tableau asséché, méritera certainement sa place dans le musée des grands jeux de l’histoire de la Coupe du monde.

Mais l’autre homme de cette demi-finale, c’est le jeune Julián Álvarez. C’est lui qui gagne le penalty pour le premier but, ratant tout juste son tir lobé avant d’être fauché par le gardien croate Dominik Livaković.

C’est lui qui marque le 2-0, quelques minutes plus tard, dévalant la moitié du terrain balle au pied, profitant de deux dégagements ratés par les Croates, jusqu’à mettre la dernière touche dans la surface.

Et c’est encore Álvarez qui est le bénéficiaire de l’action magistrale de Messi à la 69e. Et parlons-en, de cette action.

Messi s’amène avec le cuir de la ligne médiane jusqu’en profondeur. Il est poursuivi de près par deux défenseurs croates, dont l’excellent Joško Gvardiol. Il s’arrête, lui fait dos, drible avec le ballon, se projette vers le fond, le dépasse, se rapproche du filet longeant la ligne de but… puis passe à Álvarez, qui n’a qu’à faire mouche à l’embouchure.

Quel moment pour l’attaquant de 22 ans de Manchester City ! Quel moment pour l’Argentine qui non seulement se dirige vers la grande finale, mais en plus le fait au profit d’un Messi au sommet de son art, motivé et motivant pour ses coéquipiers ! Le petit et grand numéro 10 en était d’ailleurs à un 25match de Coupe du monde mardi, à égalité au sommet du palmarès avec l’Allemand Lothar Matthäus. Il le dépassera s’il joue en finale, dimanche.

« Cela fait un moment que je profite de tout ça, de ce Mondial, a dit Messi après la rencontre. […] Nous avons demandé aux gens de nous faire confiance, parce que nous savons ce que nous valons. »

« Il reste un petit pas à faire et l’espoir est là, a estimé le défenseur Nicolás Otamendi. Nous y sommes et nous essaierons de donner le maximum pour atteindre l’objectif. Nous sommes 26 guerriers, prêts à lutter pour les nôtres. »

Luka Modrić, au crépuscule

La Croatie a eu l’ascendant au chapitre de la possession du ballon, mais elle ne s’est jamais faite réellement menaçante. Sur ses 12 tirs tentés, seuls 2 ont été cadrés. En revanche, jouant la contre-attaque, l’Argentine s’est non seulement créé de meilleures occasions, elle en a aussi profité. Neuf tirs tentés, sept cadrés, trois buts.

« Je n’ai rien à reprocher à mes joueurs, a souligné le sélectionneur croate, Zlatko Dalić. On n’a pas de quoi se plaindre. Nous allons nous battre pour la troisième place. Nous nous sommes créé quelques bonnes situations, mais sans véritable occasion. »

La défaite de la Croatie signifie aussi que Luka Modrić, 37 ans, est maintenant bel et bien dans le crépuscule de sa carrière internationale. Il a encore le match pour la troisième place à disputer samedi. Et il envisage probablement de participer à l’Euro 2024. Mais la Coupe du monde 2026, ce n’est pas pour demain. Et ce, bien qu’il continue de défier les pronostics, étant encore un des milieux de terrain les plus efficaces au monde.

PHOTO FRANK AUGSTEIN, ASSOCIATED PRESS

Luka Modrić

Cela dit, avec cette demi-finale au Qatar, sa fin de carrière s’apparente plus à un magnifique coucher de soleil du Bas-Saint-Laurent en été qu’à un ciel morne et sombre d’une fin de décembre sans neige à Montréal.

On parlait du rêve de Lionel Messi. Il en sera dimanche à une deuxième finale de Mondial avec l’Argentine, après celle de 2014 perdue contre l’Allemagne. Bon nombre d’amateurs le considèrent comme le meilleur joueur de l’histoire masculine du sport. En Argentine, il doit encore toucher au trophée de la Coupe du monde pour espérer se rendre au niveau de Diego Maradona dans le cœur de ses compatriotes.

La chance qui s’offre à lui, dimanche, sera probablement sa dernière. Quoique...