Le match opposant le Mexique à la Pologne, mardi, conclu au pointage de 0-0, nous a permis de confirmer quatre affirmations.

Primo, que Guillermo Ochoa, le légendaire gardien mexicain, n’est pas légendaire pour rien.

Deuzio, que malgré tout le talent de buteur de Robert Lewandowski, si personne ne lui sert le ballon efficacement, la Pologne n’ira pas bien loin.

Tertio, que l’ailier droit mexicain Hirving Lozano, c’est tout un joueur.

Quarto, que les équipes issues de la CONCACAF, le Canada en tête, n’ont aucun complexe à avoir à cette Coupe du monde.

Le Mexique a fait un match nul de 0-0 face à la Pologne, mardi, dans le stade 974 de Doha. Une rencontre dominée par El Tri, avec des soubresauts trop peu nombreux pour l’Aigle polonais.

Memo contre Bobby

L’arrêt de Guillermo Ochoa sur le tir de penalty de Robert Lewandowski a été le moment marquant de cette rencontre du groupe E.

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Guillermo Ochoa (à droite) après avoir fait l’arrêt sur le penalty

Memo participe en 2022 à sa cinquième Coupe du monde avec le Mexique. Et si sa carrière en club n’a jamais été très fructueuse, le portier de 37 ans trouve toujours le moyen de s’imposer au Mondial.

À la 55minute, avec l’aide de la reprise vidéo, l’officiel décide d’accorder le penalty à la Pologne. Elle avait subi le jeu mexicain jusque-là. Lewandowski, qui n’a toujours pas marqué en Coupe du monde malgré sa présence en 2018, prend place devant le ballon. Dans le monde du foot, à l’heure actuelle, tu ne peux pas souhaiter avoir un meilleur joueur pour prendre ce tir. C’est 13 buts en 14 matchs de Liga avec le FC Barcelone cette saison. C’est cinq autres en Ligue des champions.

À l’inverse, Ochoa en Coupe du monde, c’est comme le Balrog devant Gandalf dans La communauté de l’anneau : ça ne passe pas. Il avait eu un des beaux matchs qu’un gardien peut connaître, en 2014, face au Brésil. Il avait répété ses prouesses en huitièmes face aux Pays-Bas, malgré une défaite du Mexique. En 2018, dans le groupe de la mort, il avait permis à sa sélection de l’emporter 1-0 face à l’Allemagne. Il fait partie de cette équipe d’El Tri depuis 2006.

Et le voilà, toujours là en 2022, à la 55minute de la première rencontre des Mexicains au Qatar. Le prolifique Lewandowski se tient devant lui… et Memo fait l’arrêt en se projetant vers sa gauche pour un tir bas. Bobby s’en veut.

« Nous avons travaillé ces deux dernières semaines avec l’entraîneur des gardiens, a indiqué Ochoa en conférence de presse. Je suis content d’avoir arrêté ce penalty, et je suis content d’avoir préservé ma cage. »

De son côté, le sélectionneur polonais Czeslaw Minchniewicz a relativisé : « Ce sont des choses qui arrivent. De très grands joueurs ont raté des penalties, Socrates, Zico, Platini, Maradona… »

Le stade, déjà bruyant, prend quelques décibels supplémentaires à ce moment. « On a pratiquement joué à domicile », s’est réjoui le gardien Ochoa.

Le monde en prend bonne note : une fois tous les quatre ans, Guillermo Ochoa retrouve bel et bien son trône.

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Des partisans mexicains avant le début du match

Lozano, bougie d’allumage

Outre cette tentative de penalty, Lewandowski n’a pas été très sollicité. C’est malheureusement un refrain trop souvent entendu pour la Pologne. On la dit l’équipe d’un seul homme. Si son point focal, son talisman ne touche pas souvent au ballon, difficile de générer un grand enthousiasme offensif. Performance frustrante pour Lewandowski.

Il faut cependant donner le mérite à la défense polonaise. Le Mexique a eu l’avantage sur les plans de la possession (60 %), des tirs tentés (10 contre 4) et cadrés (3 contre 1).

« Au vu de la première période, on aurait dû gagner le match, a estimé Gerardo Martino, le sélectionneur du Mexique. La meilleure occasion de la Pologne est venue d’une erreur de notre part, mais Memo l’a bien sauvée. »

De l’autre côté, le geôlier Wojciech Szczęsny a effectué une belle parade, notamment, quelques instants après l’arrêt d’Ochoa sur penalty. Devant lui, Kamil Glik, Matthew Cash et Jakub Kiwior se sont bien occupés de gérer les nombreuses montées d’El Tri.

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Robert Lewandowski (9) et Luis Chavez (24)

À ce chapitre, Hirving Lozano en a mis plein la vue. L’ailier droit est un des meilleurs joueurs de la Serie A en 2022-2023. Naples est premier du championnat italien, entre autres grâce à ses trois buts et trois passes décisives.

Et mardi, l’essentiel des menaces mexicaines est venu de Lozano. Il était vif dans les couloirs, et les Polonais n’ont pas eu de réponse. Ses centres se rendaient dans la surface, où ses compatriotes n’ont pas su y poser le geste décisif.

Des performances encourageantes

Les États-Unis ont très bien fait la veille contre le pays de Galles (match nul de 1-1). Le Mexique domine son opposant européen mardi. Deux équipes de la CONCACAF qui montrent un très beau visage sur la scène mondiale, c’est de bon augure pour le Canada.

Parce que rappelons que l’unifolié a terminé premier de l’octogonale en qualifications pour ce tournoi. Devant les Mexicains et les Américains.

Bien sûr, le pays de Galles et la Pologne – comme on vient d’en faire la démonstration – ne sont pas des équipes aussi bien équilibrées et expérimentées que la Belgique ou la Croatie. Et aucun de ces deux autres représentants nord-américains n’a gagné son match.

Mais ce sont les performances qui enchantent. Les États-Unis ont dominé la première mi-temps, avant de voir Gareth Bale et ses amis reprendre leur allure en deuxième. Ici, le Mexique a dicté le rythme, sans toutefois percer la muraille polonaise.

On aura un élément d’information supplémentaire à ce sujet lorsque le Costa Rica affrontera l’Espagne, mercredi, à 11 h (heure de Montréal). Los Ticos ont dû passer par les barrages pour faire leur chemin jusqu’au Qatar. S’ils paraissent bien eux aussi, pourquoi le Canada ne pourrait-il pas faire de même face à la Belgique, mercredi à 14 h ?

D’autant plus que la victoire de l’Arabie saoudite contre l’Argentine va donner des idées aux équipes négligées face aux grosses cylindrées dans ce tournoi.

Avec l’Agence France-Presse